« Dis-moi dix mots » : alors que la Semaine de la langue française 2015 bat son plein, il revient au MC Wapi Wap (ex Comic Strip) et et son comparse en production Remo de démultiplier le leitmotiv de la manifestation. Ce sont donc des centaines de vers qui décollent du porte avion mélodique et éponyme WaMo pour un bombardement verbal et intellectuel d’envergure.
Frappes chirurgicales ? C’est mal connaître ces messieurs qui ont la langue et la bassline bien pendues et pas à une potence, croyez-moi. Du coup à cette échelle on donne plus dans la blietzkrieg, avec acrobaties littéraires multiples et virtuoses en masse. Vous voulez réviser vos figures de style, votre versification et les nombreuses volutes qui font la richesse de notre poétique panthéon ? Alors cet album est pour vous.
Car le flow à ce stade c’est du grand art, un genou en terre devant Bashung, Gainsbourg, les surréalistes, Hugo, Baudelaire, et Racine au passage, avec une constellation d’allitérations et d’assonances, d’analogies et d’oppositions qui bondissent comme des électrons libertaires en ébullition. Et en prime vous aurez droit à une démonstration en force de cynisme appliqué, qui alterne morsure, amertume, mélancolie et tendresse, avec une expression ciselée que la musique souligne dans la plus pure tradition de la chanson française.
Bref il y a de l’étoffe, du velouté, du grinçant, pas de linéarité mais du virage permanent, du syncopé à la limite de l’hypnotique, du phrasé, de la scansion. Et l’occasion, une fois de plus, de prouver que la langue de voltaire ne se cantonne pas aux bancs de l’Académie ou de l’université mais prend corps dans la rue, ici celles de Marseille, preuve que la scène rap phocéenne se porte plutôt bien, et que dans un monde où les pouvoirs détricotent bien tranquillement la culture et l’art, les artistes demeurent les derniers remparts protecteurs du patrimoine intellectuel.
Et plus si affinités
http://wapiwap.bandcamp.com/album/wamo
