30 galeries, 123artistes, 3 jours d’expositions … 15 000 visiteurs. Victoria Mann a remporté son pari : la première édition de Also Known as Africa a été un succès. Et l’on s’en réjouit car il était temps de donner à l’art contemporain africain un espace d’expression dans notre belle capitale. C’est chose désormais faite en dépit du sort.
Il y a un an tout fut annulé dans le sillage des attentats du 13 novembre 2015. Un coup dur dont beaucoup ne se seraient pas remis. C’est oublier les convictions qui animent l’initiatrice de cette manifestation, la jeune entrepreneuse franco-africaine Victoria Mann. Convaincue de la qualité d’une production artistique d’envergure, elle se bat pour offrir aux artistes africains la visibilité dont ils ont besoin sur notre continent.
Si l’Asie et la Russie ont su s’infiltrer dans notre paysage culturel via des événements comme Art Paris Art Fair, l’Afrique a plus de difficulté à séduire, contingentée à une approche souvent trop ethnologue où l’on réduit ses capacités au marché des masques et autres raretés primitives. Quelle pitié … résumée à une perception folklorique et tribale, réduite à ses richesse minières, l’Afrique n’en peut plus de cette caricature colonialiste.
C’est trop vite gommer la richesse de sa littérature, de son théâtre, de son cinéma, de sa musique, de ses chorégraphes, dont souvent nous avons parlé dans ces colonnes. La AKAA arrive à point nommé pour dévoiler par ailleurs l’incroyable créativité de ses peintres, de ses photographes, de ses sculpteurs. Afrique du Nord ou subsaharienne, l’occasion fut ici donnée d’explorer le regard que ces créatifs portent sur leur terre d’origine comme sur le monde.
Et d’évoquer un marché naissant au travers de galeries particulièrement actives, de manifestations d’ampleur comme la Biennale de Dakkar, les Rencontres de Bamako. Profitant du vivier de Paris Photo, AKAA a su capter l’attention de collectionneurs désireux de parier sur ces talents émergents ou méconnus, de curieux avides de nouveaux regards, de sensibilités autres. La qualité des oeuvres exposées, l’imaginaire particulièrement vivant des artistes, leur manière de montrer, de moquer, de sublimer le quotidien, tous ces paramètres participent d’une alchimie qui n’a pas fini de construire l’avenir.
Et plus si affinités