A ciel ouvert et dans la rue. Profitant de la Saint Valentin, des artistes nantais ont illustré les murs de leur ville avec une série de leurs œuvres, inaugurant en l’état l’exposition Pour l’amour de l’art.
L’art est beau, mais l’artiste est humain
Objectif de la manœuvre :
- rappeler au monde qu’ils existent et que nous existons avec eux
- dénoncer le statut non essentiel auquel on les a condamnés,
- reconquérir leur visibilité auprès du public en dehors des réseaux sociaux saturés
- réactiver leur subsistance en inscrivant leur galerie d’art dans l’espace urbain.
Eh oui, l’art est beau, mais l’artiste est humain. Il doit manger, payer ses traites, son loyer, son matériel. Si il ne vend pas, il est fini. Et pour y parvenir, il doit montrer ses créations. Or la chose devient délicate par temps de COVID. Salons, marchés et expositions sont annulés à la file, et il est compliqué d’attirer le public dans un atelier dont on ne dispose pas forcément du reste. Quant aux galeries, si elles demeurent ouvertes pour certaines, les artistes n’y sont pas forcément référencés.
La rue, refuge ultime du créateur
Où alors se mettre en avant sinon dans la rue, refuge ultime du créateur et vitrine d’exception si l’on en croit l’aura de Banksy, JR,C215, Jérôme Mesnager et autres streetartistes mondialement reconnus ? Et pour bien faire passer le message, pourquoi ne pas surfer sur une fête ô combien commercialisée pour en révinvestir le sens avec fracas et beaucoup de talent ? Mission accomplie avec Pour l’amour de l’art, qui a convoqué un aéropage de créatifs particulièrement inspirés.
Un panel d’artistes représentatifs de la scène nantaise, Monsieur Aventure, Mahnu, les messages et compositions de l’ Atelier Entropy, les dessins de Moïse Art, les géométries de Lindsay Pssit … Ajoutons FKoood, Aurélie Froger, Charlotte Maisonneuve, Sébastien Bouchard … bref ils sont une bonne trentaine dont vous pourrez explorer le travail directement dans la cité nantaise, ou via le compte Instagram de l’événement.
Bien-être mental
Vous constaterez que tous ont pleinement joué le jeu avec une série d’œuvres magnifiques par leurs thèmes, leurs styles, leur pertinence. Tous ont ainsi affirmé leur identité, leur existence et revendiqué une fonction désormais primordiale : ramener le beau et l’imaginaire sur les murs des villes et dans l’esprit d’une population très impactée par la situation sanitaire et ses retombées. Un peu de rêve et de fantaisie pour un souffle d’oxygène intellectuel, quelques instants de bien-être mental.
Cela n’a pas de prix par les temps qui courent. Et force est de constater que si l’on doit attendre le bon vouloir d’institutions visiblement débordées par la crise sanitaire, le manque de moyens, des priorités confuses, on n’avancera pas au moment crucial où il faut justement remobiliser, fédérer, encourager, soulager. Physiquement et moralement. Or ça, c’est le rôle de l’artiste et pour le coup il n’est pas essentiel, il est VITAL. Presque une intervention de premier secours vu notre état mental à tous.
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Cela, les artistes nantais l’ont visiblement très bien compris, à l’aune de leur propre situation. Alimenter des réseaux sociaux saturés avec ses œuvres ne suffit plus pour être vu, repéré et vendre ; pour reconquérir un peu d’autonomie et de dignité, c’est la rue qu’il faut réinvestir. Pour sûr, cette manifestation marque une étape dans un mouvement de plus grande envergure. A suivre donc, car Pour l’amour de l’art ne compte pas en rester là. Et c’est une très bonne chose.
Et plus si affinités