On lui doit un nombre impressionnant de compositions, notamment l’opéra policier Délit d’innocence ou le très beau Rêveries baroques. Ses œuvres sont jouées aux quatre coins du monde. Pourtant, son visage n’est pas connu du grand public. Discret, Marc Kowalczyk n’en est pas moins passionné… et passionnant. Pianiste, musicologue, auteur, enseignant, c’est avec enthousiasme qu’il initie Anatoll. Cette œuvre symphonique a la particularité de promouvoir une conception inédite de la pédagogie musicale en jouant la carte du participatif. Pour en savoir plus, nous avons contacté le compositeur qui nous a expliqué le pourquoi du comment.
Anatoll : de quoi s’agit-il ?
Anatoll: le titre sonne déjà comme une promesse étonnante, une île harmonieuse traversée de mélodies douces, enchaînant les quatre accords propres aux anatoles dont les jazzmen sont si friands. Anatoll repose donc sur 54 cellules de 8 secondes ; longue de sept minutes, elle sera officiellement jouée salle Gaveau le 9 mai à 20h, puis le 20 mai au Cirque d’hiver, puis le 15 juin au théâtre du Ranelagh.
Jusque-là rien de très original, sauf que Anatoll est un projet participatif d’envergure. Si vous scrutez les Colonnes Morris et les murs des stations de métro et de RER de Paris et de la petite couronne, vous tomberez forcément sur des affiches mettant en avant un morceau de pierre sur lequel est gravée une partition ainsi qu’un graphique permettant de restituer une série de sons. Et un Marc Kowalczyk tout sourire vous invitant à pousser la chansonnette.
Comment désenclaver la musique ?
Et c’est là la clé du projet : inviter musiciens, amateurs confirmés ou débutants, à s’approprier ces quatre cellules spécialement dédiées à cet effet. Il suffira ensuite d’enregistrer le résultat obtenu, de l’adresser à Arnaud Kientz, qui assure la coordination musicale du projet sous la houlette de la maison d’édition L’Octanphare. Les versions les plus accrocheuses seront sélectionnées, et leurs auteurs seront conviés pour participer on stage et après répétitions au lancement d’Anatoll.
Un radio crochet, en quelque sorte ? Loin de là. Marc Kowalczyk a initié ce projet comme une forte envie de retrouvailles post-covid : comment se rencontrer tous à nouveau après cette longue période de pandémie, de restrictions, d’isolement ? Comment partager, se réapproprier ce bien sacré et universel qu’est la culture ? Comment désenclaver la musique dite classique, à fortiori la musique contemporaine, comment en ouvrir l’accès ?
S’approprier le solfège
Réputée complexe, difficile à saisir, à comprendre, en un mot élitiste, cette discipline demande un effort de curiosité, de calcul, le sens de l’architecture. Tout le monde n’est pas à même de déchiffrer une portée, de saisir les complexités d’une harmonie. Tout le monde n’a pas forcément eu accès à des cours de musique ni à une initiation poussée en conservatoire. Fort de ce constat, Marc Kowalczyk a voulu réfléchir à une autre manière de lire la musique.
Trouver une nouvelle manière de transmettre et partager la musique : pour ce faire, le compositeur a initié un codage capable de remplacer le solfège et que tout le monde peut s’approprier (nous en avons fait l’expérience par téléphone, et cela fonctionne très bien). Cela se pratique déjà à petite échelle et de façon ciblée dans les écoles, les EPAHD. Avec Anatoll, le process s’universalise.
Défricher de nouveaux modes d’interaction : c’est l’objectif. Symboliquement, les quatre minéraux gravés qui illustrent les affiches d’Anatoll composent un puzzle, une seule et même pierre qui évoque celle de Babette. De nouvelles tables de la Loi harmonique, visant, par le partage de cet art majeur, à élever les consciences, à encourager les créativités, à retisser du lien entre les êtres.
Merci à Marc Kowalczyk pour son temps et ses explications.
Et plus si affinités
Pour en savoir plus sur Anatoll et, qui sait, y participer, consultez le site du projet.