Dans cette société malmenée où l’heure est au déchirement, il reste encore un peu de monde pour œuvrer à l’entente et à l’échange, principalement les artistes qui n’hésitent pas à s’impliquer. Ainsi Séverine Bourguignon, plasticienne de son état, a-t-elle investi la friche de la Table Ouverte pour y développer le projet Antre, porté par l’association Grandiose.
Antre, la demeure intérieure où chacun se réfugie comme en un cocon de protection, fait écho à ses homonymes « entre » comme « entre nous » ou « entre » comme « entre ici ». Le renfermement soudain devient passerelle, ouverture, équivalent, dialogue. Mais ça c’est sur le papier. Qu’en est-il concrètement ? Comment faire pour reconnecter les individualités ?
C’est ici qu’interviennent l’habit-habitat : des structures d’osier couvertes de chutes de sacs alimentaires, de morceaux de tissus usagés, collectés chez les commerçants du quartier, lent travail de récupération et d’échange, de mise en confiance et de recyclage. Patiente, Séverine érige ces costumes cabanes chatoyants qui évoquent certains masques, certaines tenues rituelles africaines ou balinaises.
Les habitants sont régulièrement invités à participer à ces constructions, qu’ensuite on enfile pour sillonner les rues voisines d’un pas allègre et dansant. Il s’agit de surprendre, de saluer, d’interpeller, de faire rire et rêver, bref de casser le quotidien, la banalité. Petit à petit, une structure après l’autre, c’est un véritable village mobile qui voit le jour, pour bientôt participer aux déambulations du 30 juin, lors du défilé de la fête de la Goutte d’Or.
Un point d’orgue, une consécration, le fruit d’échanges, de gestes partagés, des souvenirs partagés, le début d’une mémoire commune où les cultures se mêlent ?
Et plus si affinités
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