Intéressons-nous ce jour à l’univers d’Annie Busin. Un univers fait de mannequins anciens aux silhouettes corsetées, déformés par le diktat des modes passées. Autant de carcans, petites prisons constellées de mosaïques chatoyantes, étoffes de verre et de faïence aux motifs précieux.
Belles assurément, les œuvres d’Annie Busin sont pourtant chargées de souffrance. Blessures, ruptures, failles, toutes ces craquelures accumulées qui tissent un destin féminin tragique sous les ors de la beauté et de la séduction. Comment traduire les cassures d’un parcours de femme ?
L’artiste résout cette difficile équation en associant le symbole du corps parfait, contraint, figé, posture sociale et masque glamour avec la porcelaine brisée, cassée et reconstituée comme un puzzle existentiel, où l’on tente de se recomposer malgré la douleur.
Et c’est là que le charme opère. Nées du fracas, ces sculptures, somptueuses, fascinent par leur distinction, leur faste, la complexité élégante des motifs, leur conception mêlant poésie et majesté. Le corset devient ainsi manteau de déesse, armure de combattante.
Et donne à voir la subtile essence de la vie, faite du dépassement des déchirements et des deuils.
Et plus si affinités