Petit avertissement au lecteur : cette chronique est castratrice. En effet si je veux demeurer dans les limites de la rubrique avant gardiste telle que la définissent The ARTchemists, je suis obligée de faire l’impasse sur une grande partie des oeuvres de Cécile Dachary, et c’est un véritable déchirement car la dame a de la suite dans les idées et un sacré talent.
Séduire, reproduire et détruire
Issue d’une famille de tricoteuses/crocheteuses/brodeuses où l’art des ouvrages de dames se transmet de génération en génération comme un précieux patrimoine, Dame Dachary s’est saisie de ce bagage culturel pour l’ériger au rang d’art. Un art à la fois naïf et trash, où chaque pièce interroge le mystère de la féminité, dans son obsédante sexualité. Extrêmement sensuels, sa sculpture de tissu, ses installations de fils, ses nus rebrodés évoquent la rondeur des formes, le système reproducteur, les seins et les ventres faits pour séduire, reproduire et détruire.
L’accidentel comme marque de vie
Pourtant, c’est un autre pan de sa créativité qui m’interpelle, me dérange et me fascine : sa série sur les taches. Ces éclaboussures du quotidien qu’on s’échine à faire disparaître à grand renfort de savon et de lavages, Cécile Dachary s’en saisit pour les sublimer : broderies de différents types, perles, couleurs, fils de coton ou de soie, la souillure devient auréole à conserver, placée dans une boîte comme un signe sacré à révérer, à chérir, à méditer. L’accidentel, le geste manqué, le sale sont ici marques de vie, souvenir d’un acte manqué ou réussi, erreur qui débouche sur une réussite.
La vigueur des fluides corporels
La démarche est puissante qui retourne une réalité jugée négative pour en révéler le contenu, l’incroyable potentiel. L’impureté nourrit l’imaginaire, s’avère fétiche poétique, esthétique émanant de la vie et de ses aléas. Chaque oeuvre à sa manière transforme en idole une flétrissure faussement honteuse, menstrue, sperme, cyprine, salive, sueur … fluides corporels fortement imprégnés de souffle et de vigueur.
Et plus si affinités
Pour en savoir plus, consultez le site de Cécile Dachary.