Le hasard n’existe pas : fauché par un accident de moto à la veille d’entrer aux Beaux-arts, Dominique Théate illustre parfaitement cet adage. Cinq mois de coma plus tard, ce jeune Belge recouvre l’usage d’une main… et va se lancer dans le dessin pour reconquérir une vie qui a bien failli lui échapper.
Un héros de Fitzgerald
Qu’il attaque le papier immaculé ou retouche des photos de magazines, Théate s’approprie un espace d’expression où il recompose son image, s’invente une existence. Charmeur, entreprenant, intégré… sa silhouette souriante évoque l’intellectuel, le penseur, une sorte de Gatsby peut-être, un héros de Fitzgerald dont l’allure décontractée cache une faille secrète que personne ne doit deviner.
Une manière de plaisanter avec le spectateur de cette intériorité sublimée, comme pour lui dire que le destin menaçant pèse sur chacun d’entre nous. Ce destin est prêt à perturber le fil de nos existences, nos convictions les plus ancrées, notre confiance absolue en l’avenir. Il s’en amuse même. Ainsi le fantasme est à double sens.
Le mensonge de la réussite
En se projetant dans le masque de stars, de couples modèles, Théate ne fait que s’imaginer dans cette situation idyllique, il en éclate le caractère illusoire, et dénonce le mensonge de la réussite, du bonheur, ces belles perspectives qu’on nous vend de force en oubliant de préciser qu’elles ne valent pas grand-chose face à la souffrance et à la mort.
Précis, incisif même, son trait repousse concrètement les limites de l’individu, dilate les contours de l’être, dans une approche presque philosophique. Ce regard extra lucide en tous points est digne de la portée visionnaire de l’art brut.
Et plus si affinités
Pour en savoir plus sur le travail de Dominique Théate, consultez la page que lui consacre le site de la galerie Christian Berst.