Des visages qui s’entremêlent, des bouches disproportionnées, des yeux écarquillés qui observent le spectateur dans une interrogation sans fin … qu’il se décline en noir et blanc, ou intègre de la couleur, le dessin de Eric Demelis est tortueux et dévorateur. Il avale les consciences, les emporte dans des méandres de doute et de solitude, dépourvu de remord et de regret.
Sans que jamais rien ne l’arrête et cela depuis ses années d’adolescence, quand il découvre ce mode d’expression en autodidacte. Art brut donc, avec l’encre de Chine et la plume comme seules compagnes, sur le papier comme sur la toile. Prolifique, Demelis le grenoblois n’en finit pas de saisir des personnages aux silhouettes scabreuses et contrefaites, dont les yeux occultent tout, dans leur questionnement avide.
Qu’il s’agisse de détailler un profil ou de cumuler des centaines de visages dans un grouillement d’insectes cauchemardesque, Demelis n’hésite pas à déstabiliser, s’y emploie même avec conviction, talent et malice, pour ne pas dire bonheur, établissant un trait d’union récurrent entre Jérôme Bosch, Keith Harring et Alexandro Garcia pour repenser l’absurde et la folie du monde, dans une never ending story aux allures de saga.
Et plus si affinités