Cette semaine, direction New-York pour découvrir les travaux de Fabiola Jean-Louis. Cette artiste haïtienne d’origine mêle les affinités, pour la mode, l’art, la photographie. Tout naturellement, elle en vient à interroger les apparences, les symboles, les codes, autant de questionnements qui irriguent son expression artistique.
En témoigne la troublante série Rewriting History, projet à multiples facettes où elle repense les portraits de la noblesse de l’Ancien Régime … en y intégrant des héroïnes de couleur. L’effet est saisissant de grâce, lourd de signification. Car des détails se glissent entre les rubans et les bijoux pour rappeler le poids du racisme, la malédiction de l’esclavage, l’injustice de la ségrégation.
Une chevelure savamment tressée, un grigri vaudou, un bout de tissu, un panier tressé … des touches subtiles qui superposent la force des cultures, rappellent qu’elles se valent même si l’Occident a voulu imposer ses diktats à l’Afrique. Chaque œuvre juxtapose ainsi peinture et photographie dans un sens des tonalités sidérant de justesse, avec en filigrane cette hypothèse : « Et si ? »
Et si nous avions joué la carte de l’échange et du partage au lieu de foncer tête baissée dans un discours haineux de supériorité délirant ? Et si la véritable suprématie venait de l’humanité, de la beauté vécue comme un tout ? Et si nous croisions les savoirs, les influences ? Les tableaux de Fabiola Jean-Louis évoquent à la fois la puissance des racines culturelles et le besoin de les entremêler à d’autres tendances.
Peut-être d’y échapper ? Ses modèles sont des femmes, le titre des tableaux le rappelle, les hommes n’apparaissent dans ses compositions qu’en arrière plan, violeurs blancs, pendus noirs. Un hasard ? Écrasée par les croyances, enfermée dans un rôel social, la femme demeure le sexe de la terre, la force première, le vecteur de toute vie. Elle règne, toute puissante, et rien ne pourra l’en empêcher.
L’attitude détachée, sereine, déterminée des modèles désarçonne. Reines dans leurs costumes de Cour, elles ont conscience de leur stature, de leur talent, de leur pouvoir. Tout est dans le regard, dans de très subtils indices placés naturellement comme ces ensembles, véritables fusions culturelles où la femme évolue en majesté, enfin maîtresse de son destin.
Et plus si affinités