Nous découvrons les Drone selfies du collectif IOCOSE dans le cadre de l’exposition Iconomania. Et pour l’heure, ces portraits y font sens, qui découlent d’avancées numériques et technologiques de pointe mises au service du meilleur comme du pire.
Dans le cadre des Drone Selfies, c’est le pire qui est mis en exergue. Que voyons-nous ? Des drones saisissant leur reflet dans les miroirs de maisons. Chambre, salon, salle de bain … les machines explorent l’intimité d’un foyer comme le feraient des soldats revenus du front et qui peinent à révinvestir la vie quotidienne après les horreurs du combat.
L’expérience a pour but de restituer « the life of a drone after war and terror » ; elle s’intègre dans une démarche plus vaste intitulée In times of peace. Engin ou humain, comment vivre ce gap émotionnel, comment revenir à la normale quand on a bombardé, tué, risqué sa vie ? Immuable et désincarné, le drone représente de manière symbolique le vide ressenti quand on revient de la guerre.
Vietnam, Afghanistan, Irak, … les vétérans témoignent de cette difficulté à se réinsérer, de la coupure avec les proches … Voyage au bout de l’enfer de Cimino avait remarquablement exprimé cette rupture traumatique … qui nous guette tous ? Drone selfies ouvre le débat sur la cassure narcissique que le numérique introduit désormais dans notre rapport à nous-même.
Absence d’empathie, narcissisme, rejet de l’autre, solitude, ces quelques clichés, ces selfies si modernes, giflent nos égos, soulignent la violence quotidienne dans laquelle nous nous enfermons volontairement, qui nous entoure et nous menace, mais que nous alimentons de nos vanités.
Et plus si affinités
http://www.iocose.org/works.html