C’est dans la haute sacristie du collège des Bernardins que Jacques Perconte a choisi de projeter son Mistral. Et l’endroit s’y prête. Parfaitement. Car Mistral nous raconte l’histoire du monde, de la création toujours répétée, toujours mutante, toujours en ébullition.
La vie, dans ce qu’elle a de plus lumineux, de plus sautillant, tranquille et malicieuse à la fois, riante, comme cette descente de l’Ardèche, un jour d’été, dans la fraîcheur de l’eau et des frondaisons. Du vert, du bleu, du jaune, … les couleurs primaires qui se mêlent se dissolvent tandis que le programme de captation vidéo glitche gentiment.
Et comme dans la musique électro, la magie opère, défragmentant les formes, métamorphosant les paysages, anamorphosant les sensations. Etonnant, ce voyage déborde le lit de la rivière pour nous entraîner dans l’histoire de la peinture, aplats au couteau ou pointillisme précieux, contours classiques, impressionisme chromatique.
Peindre avec des pixels ? Soudain les ogives de la salle s’éclairent d’une fresque éclante, d’un diptyque inattendu, d’un vitrail fait de mille nuances. Perconte n’aime pas les plans qui disent la suite, le cinéma dont il est issu dit trop cet avenir qui nous est en réalité impénétrable. Avec Mistral aux contours insoupçonnés et changeants, il anéantit l’aspect performatif de l’image, son caractère prédicatif pour nous ancrer dans l’instant, étincelle renouvelée de beauté.
Et plus si affinités