C’est à la Slick Art Fair que nous tombons sur cette installation. Nichée dans une des alvéoles, nous la prenons initialement pour un stand de vente. Ce qu’elle est en substance puisqu’il s’agit ici de proposer des produits issus des sentiments, comme du reste l’indique le titre.
Toutes les nuances de l’affect sont ici répertoriées, sublimées et symbolisées, soumises à notre désir de consommation. On peut les acquérir à la pièce, ou acheter l’ensemble de l’installation, monnayant de fait ce qui a la base ne peut l’être : car l’amour et ses nuances ne s’achètent pas.
Propulsé par la complexe et très pointue Revue Noire (à la fois galerie, publication, atelier et réseau), l’artiste Joël Andrianomearisoa accomplit cette réflexion dans le cadre des projets drivés par la Slick Art Fair. L’effet est total, le public s’arrête, pris dans son automatisme de consommateur, explore les produits, découvre effaré leur véritable teneur. Récupération ou fabrication, tous nous parlent.
Impossible de ne pas se retrouver dans ces échantillons épars dont les étiquettes poétiques contredisent la banalité souvent navrante et drolatique des contenus. Les questions se multiplient : Ne sommes-nous pas trop dans l’affect ? Faut-il à ce point théâtraliser les sentiments ? Comment ces émotions simples peuvent-elles prendre tant de place dans nos vies ?
Ici pas de réponses bien sûr mais un miroir pour nos plaisirs, nos regrets et nos remords.
Et plus si affinités