La nouvelle est tombée ces dernières heures : frappée durant les attentats de Ouagadougou, la photographe marocaine Leila Alaoui n’est plus. Une perte pour la communauté artistique internationale : la jeune femme possédait un rare talent, une émotion véritable. Elle portait un regard aigu mais respectueux néanmoins sur le monde.
Parmi ses différents travaux, retenons la série The Moroccans. Un ensemble de portraits réalisés dans toutes les régions de son pays d’origine que Leila Alaoui sillonnait au volant d’un studio itinérant, à la rencontre de ses concitoyens. Inspirée par le photographe Robert Franck et ses clichés titrés The Americans, elle réalise des tirages sculpturaux, gorgés de couleurs, de fierté, de sincérité.
Observatrice de la société dont elle est issue, elle donne à voir la diversité d’un monde encore ancré dans la tradition. Frontales et détaillées, ces images n’ont pourtant rien à voir avec les cartes postales exotiques ramenées par les colonisateurs occidentaux en mal d’orientalisme. Nous sommes ici dans une affirmation, une prise de conscience, un questionnement : celui de la frontière entre modernité et traditions.
Qu’est devenu le Maroc à l’heure du XXIeme siècle ? Qu’en est-il de ses provinces ? Des régions éloignées de l’épicentre touristique et des pôles décisionnels ? Leila Alaoui était partie explorer cet autre versant de sa culture, faisant le point sur une réalité, mettant un coup d’arrêt aux fantasmes, les nourrissant autrement peut-être … Son œil, sa perception, ses projets nous manqueront cruellement, mais son acuité demeure et fera exemple.
Et plus si affinités
Pour découvrir le travail de Leila Alaoui, suivez ce lien.