À l’heure où l’outil numérique, enfiévré par la folie IA n’en finit plus de repenser les grands classiques de la peinture occidentale, il nous semble pertinent de nous arrêter sur les tableaux de Mary A. Waters.
Des reflets épurés en black and white
Inspirée par les portraits prestigieux du temps jadis, l’artiste britannique travaille à en restituer l’essence, comme des reflets épurés où le black and white s’impose en place des couleurs flamboyantes des Maîtres de la Renaissance et du XVIIe siècle. À bien des égards, ces versions retouchées évoquent le travail argentique. L’esprit ? Et si ces grandes figures de notre histoire n’avaient pas été peintes mais photographiées ?
Prenons l’exemple de Infant Gold neck : ses nuances sombres et grises font ressortir la blancheur marmoréenne de la fraise enserrant bien haut le cou de la jeune femme, la perle qui orne ses cheveux relevés en un chignon qu’on devine complexe, et les bijoux, somptueux signes de réussite et de pouvoir. Toute l’œuvre de Mary A.Waters interroge donc ces peintures incontournables, un pan entier de culture auquel elle n’eut accès, durant son enfance irlandaise, que via les livres et les brochures, l’Irlande d’alors étant pauvre en musées.
Posséder ces images
Des impressions appauvrissant les nuances, tronquant les volumes, affadissant les dimensions réelles de ces représentations. C’est de cette frustration mêlée de curiosité qu’est née sa démarche artistique. «I paint because I want to own these images!» – «Je peins car je veux posséder ces images» avoue-t-elle, tandis qu’elle s’empare de ces références absolues pour en conjuguer les tonalités à sa manière, travaillant jusqu’à la carnation de la peau, dans une réflexion poussée sur le blanc et le noir.
Elle positionne ainsi des personnages de couleur en majesté, à la place des puissants occidentaux qui les exploitaient. Comme une revanche sur le temps et la barbarie ? C’est alors une réflexion sur la valeur véritable du portrait que propose Marie A. Waters : affirmation sociale ou questionnement de l’être, le portrait était aussi une ouverture privilégiée sur l’art comme moyen d’affirmer son ascension financière et politique. Tous, loin s’en faut, n’y avaient pas accès. Marie A. Waters en sait quelque chose car elle a subi cette discrimination qui aujourd’hui sert de fil rouge à son œuvre.
Et plus si affinités
Pour en savoir plus, consultez le site web de l’artiste Marie A. Waters.