Pierre Leblanc n’est pas un inconnu ; déjà en 2012 The ARTchemists mettaient en avant sa série « Une Histoire abîmée ». Nous avions alors pu apprécier son sens de la scénographie, sa capacité à narrer en un cliché les vicissitudes d’une existence, ses travers, ses failles. « Discriminations » semble poursuivre ce travail au travers de vingt études poignantes, largement dictées par le climat social actuel.
Selon le Larousse, une discrimination suppose de mettre à l’écart une personne qui présente des signes distinctifs stigmatisés par la société. La loi en répertorie plusieurs, patiemment énoncées par l’artiste dans son texte de présentation :
L’âge / L’apparence physique / L’appartenance réelle ou supposée à une ethnie, à une nation et à une race / L’appartenance ou non à une religion / L’état de santé / L’orientation sexuelle / L’identité sexuelle / La grossesse / La situation de famille / Le handicap / Le patronyme / Le sexe / Les activités syndicales / Les caractéristiques génétiques / Les mœurs / Les opinions politiques / L’origine / Le lieu de résidence.
Se fondant sur ces critères, Pierre Leblanc façonne autant de mises en scène avec comme fil conducteur l’enfermement dans une cellule. Car la discrimination aboutit d’une manière ou d’une autre à la réclusion, prison mentale … ou concrète. Autisme du patron qui ignore les revendications de son employé spolié, femme vieillissante qui ne supporte pas l’idée de perdre sa jeunesse, transgenre coincé dans le regard d’autrui, femme sous payée et exploitée, personnes rejetées car de couleur ou handicapées, exilé déraciné loin de sa patrie, malade attendant la mort dans la pauvreté de l’inutile économique …
Les sujets traités sont d’autant plus poignants que leur mise en scène est d’une beauté sidérante. Jouant sur les ombres et les couleurs, Leblanc crée des tableaux vivants terriblement émouvants, qui annulent notre modernité pour rappeler que notre monde est encore et toujours réglé par le refus de l’autre, du différent. De ces visuels éclairés somptueusement, se dégage une solitude affligeante. Une violence indicible qui dénonce notre acceptation, notre passivité. Le tout déclenche l’envie péremptoire de mettre un terme définitif à tant d’injustice.
Et plus si affinités
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