Habituellement, Sarah Jérôme se plaît à mêler les couleurs, les fondre et les étaler dans des peintures, des dessins étranges aux contours indéfinis. Avec la sculpture « Mue », c’est en tissant le lin qu’elle raconte la décomposition des êtres… ou leur complexité.
Une lente détente de l’être
Mue, bien sûr, évoque la transformation, une lente détente de l’être qui se dilue en longues tresses brunes et informes sur le sol. Si elle questionne le déclic de cette déliquescence, ses étapes, l’œuvre, à mi-chemin entre filage et sculpture, demande : « Pourquoi ? » Quel fut l’agent provocateur de cette destructuration à deux ? Car la sculpture représente deux personnes ? Un couple ? Deux amis ? Deux collègues ?
La nature du monde et des choses
Autrui tout simplement ? L’Autre à ses côtés, peu importe son statut, est déjà en train de se vider, qui n’apporte aucune aide, passif et comme absorbé par son absence de consistance. Indifférence ? Égoïsme ? Fatalité ? La nature du monde et des choses, en somme, résumée en un tissage complexe et faussement désordonnée, qui évoque des intestins momifiés se répandant sur le sol. Inéluctablement. Le destin de la matière retournant à la poussière.
La métamorphose de la chair et des sentiments ?
À moins qu’il s’agisse de se dissoudre pour mieux s’évader, pour ne plus être avalé ? Mue parle de métamorphose, celle de la chair comme celle des sentiments. La matière informe, à peine modelée par la main à la fois sûre et légère de la plasticienne transformée en Parque, dévide un avenir que le spectateur, fasciné, forcément, invente, se projetant dans les méandres des fils torturés.
Et plus si affinités
Pour en savoir plus et découvrir les autres travaux de Sarah Jérôme, consultez son site web.