Notre avant-garde du jour est féminine et manchusienne. Eh oui, n’en déplaise aux amateurs de brit pop, Manchester n’a pas donné naissance qu’à Joy Division, The Smiths ou Oasis. C’est par ailleurs le berceau de Sarah Leonard, artiste adepte des travaux de dames, plus spécifiquement de broderies aussi fascinantes que dérangeantes, où elle placarde ses imaginations hybrides et dark.
Vulves de velours et écorchés de soie
Sarah Leonard débute sa carrière de créatrice en 2017 sous le sobriquet de Atypical Stitch: elle se concentre alors sur la représentation aussi stylisée que fleurie d’utérus et de vulves, mêlant velours, dentelles, crochet et perles pour affirmer sa perception très poétique et un brin ironique d’un sexe féminin bien moins candide qu’il n’y paraît.
En 2020, elle passe un cap en initiant Atypical Curiosities afin de promouvoir une approche plus large de l’anatomie humaine mâtinée d’entomologie. Exit les intimités féminines rehaussées de galons, les écorchés sculptés de soie écarlate imitant la chair à vif alternent dorénavant dans son eshop avec diables grimaçants, animaux de contes ou insectes mutants.
Entre Lovecraft, Poe et Bierce
Dessins tracés à la main, sertis de perles, de paillettes, d’yeux ou de têtes de poupée, de dents, de cadrans de montre, de vieux bijoux, Sarah Leonard collecte, nettoie et réutilise tous les objets étranges qu’elle peut récupérer à la décharge, dans les poubelles, dans les greniers, via des donations, au fin fond de stocks de seconde main.
Son travail rend hommage aussi bien à la forte tradition textile de sa ville qu’à son atmosphère punk et dark wave. De la pointe de son aiguille, elle prête une nouvelle vie à ces souvenirs faussement usés, invente des créatures merveilleuses échappées d’un récit de Lovecraft, d’un cauchemar de Poe, d’une divagation de Bierce.
Un nouveau visage du dark art
C’est aussi une résurgence très puissante des récits fantastiques propres à la littérature britannique du XIXeme siècle, Shelley, Biron, Polidori, Stocker, Stevenson… Comment, en regardant ces œuvres à la fois élégantes, cocasses et inquiétantes ne pas penser au monstre de Frankenstein, à Dracula, à Jekyll se transformant en Hyde ?
On appréciera donc la qualité de l’exécution, la finesse de la réalisation, la maîtrise de la technique autant que l’audace du propos. Pour sûr, Sarah Leonard a du talent et de l’esprit à revendre, un sens du sujet, du mouvement, du mystère, un imaginaire fertile de petite fille observatrice et perverse qui la place en bonne position parmi les nouveaux visages du dark art et de la goth culture.
Et plus si affinités
Pour en savoir plus sur l’univers de Sarah Leonard, visitez son site ainsi que ses comptes Instagram Atypical Stitch et Atypical Curiosities.