Dans une société vouée à la consommation, nous nous résumons à ce que nous achetons. C’est du moins la volonté marketing des grandes enseignes, du système marchand. Et même les artistes en sont réduits à cette équivalence réductrice. Sophia Wester en témoigne avec sa série Proof of my existence.
Un ensemble de dessins au trait fin et précis, où la jeune suédoise restitue les tickets de caisse correspondant à ses achats quotidiens … sur trois ans. 1500 esquisses plus tard, son travail, du reste salué par le musée d’art moderne Voorlinden sur son compte Instagram, donne à voir un portrait de vie d’une grande poésie.
Et un brin désabusé. Les dessins en noir et blanc, détaillent, outre le décompte des achats, la valse des taxes et les coordonnées des magasins, le froissement du papier, l’effacement de l’encre, les coins cornés. Plus que les sommes dépensées, c’est le souvenir de ces achats, de ce qu’ils portent comme absence de valeur émotionnelle durable, qui importe.
Mis à distance par la représentation au crayon, ils s’avèrent fantomatiques, fades, sans épaisseur. « J’achète donc je suis » … la graine critique semée par Barbara Kruger dans les années 80 n’a pas fini d’inspirer les générations. Mais par ses tonalités beaucoup plus nuancées, Proof of my existence semble signifier une prise de conscience amère.
Le signal faible d’une appétence pour la déconsommation ?
Et plus si affinités