C’est au terme de la Slick Art fair 2014 que nous découvrons une installation toute particulière et lourde de signification.
Des bouteilles alignées, toutes du même format, de la même couleur : un rouge oppressant, qui nuance la blancheur des parois, des étagères, comme un halon de honte. Car c’est de honte qu’il s’agit ici, de honte, de discrimination, de rejet de la différence, annulée brutalement par la linéarité des fioles, leur semblance, et cette étiquette terrible :
Blame s’accompagne d’une vidéo où Shilpa Gulpa explique comment utiliser ce cordial, en le répandant sur un tissu immaculé pour le découper ensuite de façon aléatoire. La tache sanglante, au fur et à mesure qu’on séquence le support, se morcelle de manière inégale, comme l’humanité, en fonction de ses croyances, de ses cultures, de ses nationalités.
Mince et gracieuse, l’artiste originaire d’Inde pose ici de façon magistrale et puissante une question qui nous concerne tous, dénonçant le principe à l’œuvre au cœur de tous les affrontements, ce besoin irrépressible de s’enfermer sur une vérité unique en niant l’Autre. L’effet de perspective, le travail des volumes, l’impression de claustration font de ce travail un œuvre protéiforme qui avale son spectateur.
A la fois engagée et pédagogique, Blame propose une expérience émotionnelle et philosophique d’une simplicité rafraîchissante mais néanmoins sans pitié dans le processus de prise de conscience qu’elle enclenche. Par ricochet elle souligne le choix esthétique opéré par la White Project Galery parisienne qui expose ce travail et la politique culturelle de la Slick Art Fair qui permet au public de découvrir ce type d’œuvre.
Et plus si affinités