Elles craquent sous nos pas, s’entassent sur les pelouses, encombrent les allées et les rues à l’heure automnales, pourrissent doucement sur le tas de compost au fond du jardin … « les feuilles mortes se ramassent à la pelle » disait Jacques Prévert … sauf quand elles croisent le chemin de Susanna Bauer.
Délicatement l’artiste les ramassent, les sèche … et les brode. Plus exactement elle les crochète, les intégrant ainsi dans de délicats napperons où les nervures végétales se confondent avec les motifs du textile, dans des nuances fauves qui évoquent la nature.
Fragile, poétique, féminin, le travail de Bauer a quelque chose de primal qui contredit son extrême sophistication, sa préciosité, sa rigueur. Il faut avoir le geste précis, l’œil acerbe, la méthode assurée pour réussir pareille prouesse sans briser la texture de la plante, dans arracher le fil ténu.
Pourtant d’œuvre en œuvre, c’est un regard protecteur, chaux, maternel, attentionné véritablement, que la créatrice porte sur ce support voué initialement à la décomposition. Elle en pofite pour repenser le knitting art en le mêlant au recycl’art, pour le décliner comme un domaine d’exception qui rétablit le lien entre l’homme et son environnement de la manière la plus élégante qui soit.
Et plus si affinités