Des têtes dans des cages, : une vision obsessionnelle chez Tetsumi Kudo. L’artiste japonais passera sa vie de créateur à décliner ce motif, pour mettre en évidence à sa façon l’enfermement de l’homme moderne dans une société vouée à la surconsommation de biens et d’informations.
Tetsumi Kudo dérangeant au possible
Gutaï, les Nouveaux Réalistes, Fluxus : s’il s’en approche, Tetsumi Kudo n’est cependant pas assimilable à ces courants. Trop solitaire, trop spécifique, inclassable… dérangeant au possible aussi. Ainsi son autoportrait tridimensionnel qui l’enferme dans une cage de rongeur, symbole de ses névroses avidement entrelacées de fantasmes inavouables. Une version parmi tant d’autres…
Marqué à la fois par le traumatisme de Hiroshima, les stigmates psychiques de l’holocauste nucléaire et par le développement des nouvelles technologies, l’artiste veut traduire leur véritable impact sur nos évolutions intérieures. I20l façonne l’individu dans son isolement, ses questionnements, ses addictions et ses illusions.
L’absurdité de la condition humaine
Vampirisé par lui-même, l’homme moderne tricote ainsi l’absurdité de la condition humaine. Il s’y emmêle, s’y englue, avec une jouissance malsaine, dans un mélange de couleurs faussement acidulées, de fleurs en plastiques et d’animaux en peluche moisie ; dans cette atmosphère rance, cette prison sale, son visage bouffi de fatigue vire au gris des mourants.
L’amour, la sexualité, la créativité, le rêve ? La foi ? Des mensonges ? Qui sait ? Quid de l’avenir de l’individu ? Un morcellement progressif, la fonte de chaque bout d’humain dans un magma biomécanique ? L’avènement de ce que Kudo appelle « La nouvelle écologie », bien bien avant que la menace de l’extinction de notre espèce ne se profile. Visionnaire.