Les allées des foires et des salons d’art contemporain, les salles des galeries et des musées ont encore du mal à s’en remettre et c’est tant mieux. En effet, l’installation As a flower chooses its colour, comme toutes celles de The Kid du reste, n’a pas spécifiquement pour objectif premier de flatter les consciences, bien au contraire.
Zolienne dans sa démesure et sa justesse, l’œuvre stigmatise d’un bloc incontournable le déterminisme social qui frappe les clans latinos, où les filles véhiculent par l’éducation, la sexualité et l’enfantement, le désespoir d’une condition vouée au malheur, à la violence et à la prison. Déjà promis à la mort, ce petit arbore sur le front les tatouages d’appartenance dont sa mère est constellée.
Marquage in utero
Pas d’échappatoire, le marquage s’opère in utero, sans choix possible. Imposé par la force des choses. L’attitude d’abandon, le regard perdu, le derme distendu de veines, la nudité sacrificielle, comment ne pas évoquer la maturité philosophique d’un Ron Mueck ? C’est pourtant un tout jeune artiste qui est à l’origine de ce brûlot, The Kid, qui du haut de sa vingtaine et de sa perception du street art et des codes de la marginalité des gangs, façonne cette gifle.
Un pas supplémentaire vers le tridimensionnel pour ce dessinateur habitué à la surface plane du papier. Et quelque chose de foncièrement frappant dans la manière de formuler une critique sans appel sur les communautarismes qui enferment et étouffent, contre-nature et délétères qu’ils sont dans leur logique du silence, leur absence d’ouverture et de dialogue. Pourtant, l’œuvre, par ce sujet de l’accouchement, rappelle également qu’il s’agit ici d’êtres humains et qu’il suffirait de si peu pour que tatouages et destin s’effacent au profit d’un avenir plus clément, gommée de la corruption et du mal.
Et plus si affinités
Pour en savoir plus, consultez le site de l’artiste The Kid ainsi que son compte Facebook.