C’est dans un petit village de sa Suisse natale que Flechtner a commencé à photographier des paysages enneigés. Ce trait météorologique devient vite son univers de prédilection, perceptible dans les séries « Frozen » (2000), « Passes » (1997-2001) ou « Colder » (1996-2000).
Cette collection plus particulièrement retient l’attention par le travail d’observation qu’elle opère : comment l’élément climatique neige peut-il réduire à néant la structure urbaine ? Ce sont des villes ensevelies que Flechtner va donc sillonner, pointant son objectif sur des tableaux saisissants parce qu’à la fois très beaux et effrayants.
A la merci d’une nature froide et sans pitié, la cité moderne, électrifiée et technologique ne peut rien contre la force des éléments. Elle s’endort sous les masses d’un blanc étouffant, qui reflètent les lumières éblouissantes d’une tonalité verdâtre de cadavre frigorifié.
Notre quotidien transparaît ici comme un décors de conte de fée, un immense palais transi, plongé dans une hibernation sans fin, où dorment des milliers de Belles au bois dormant, leurs princes, leurs cours, …
Solitaire Flechtner parcourt ces étendues comme l’ultime survivant d’une race éteinte, interrogeant de manière subtile mais néanmoins poignante notre finitude d’êtres mortels. Ses clichés renvoient invariablement à l’angoisse du néant, la disparition progressive et inéluctable de nos civilisations dans un tombeau de glace.
Et plus si affinités
Pour en savoir plus sur les travaux de Thomas Flechtner, rendez-vous sur son site.