Fragilisée, la structure se dissout, le corps s’effondre au gré des accidents de la matière, la cire s’écroule doucement, consumée par de douces flammes. Nous découvrons ces décompositions pendant la Nuit Blanche 2012 dans l’enceinte de l’École nationale supérieure des beaux-arts. Urs Fischer, impitoyable et poétique, décline sous nos yeux les mots « Je me suis liquéfié ».
Vibrations malsaines
Ou comment exprimer en quelques mots la marche inéluctable à la mort, mais aussi toutes ces émotions négatives qui ponctuent le long cheminement de la vie : la déconvenue, la déception, l’amertume, la peur aussi. Et l’habitude qui, petit à petit, nous englue, nous fait perdre notre assise de sujets pensants et agissants. Ces mannequins dissous sous l’effet d’une lente chaleur projettent un ensemble de vibrations malsaines et tristes, dans un sentiment d’immobilité psychique crispant.
Destruction répétitive
Toutes ces impressions négatives dont nous sommes pétris comme la cire qu’Urs Fischer modèle à son/notre image. Le zurichois sculpte des corps habillés, en attitude de réflexion, … puis il les laisse fondre. Son travail de céroplaste est voué à la destruction… et à la répétition. D’année en année, d’exposition en exposition, de happening en happening, ses statues de cire n’en finissent plus de se liquéfier sous le regard de visiteurs contrits.
Le vide de l’art contemporain
Car ce spectacle est à la fois angoissant et pitoyable. C’est le but recherché, avec en perspective une réflexion sur le vide de l’art contemporain, que l’artiste juge conservateur et sclérosé. La vision de l’homme moderne, actif, créatif, conquérant de l’impossible, en prend un sacré coup. L’humain, cette bête à penser, demeure figée dans une réflexion qui le condamne tout en faisant sa grandeur. Le message est lourd de sens.
Et plus si affinités
Pour en savoir plus sur l’univers d’Urs Fischer, consultez son site web.