Le regard hautain et halluciné qui orne la couverture de cet album est celui de SGF. SGF fondateur d’un véritable empire de la BD, manipulateur viscéral, intraitable capitaine d’industrie, capable de tout pour parvenir à ses fins, y compris et surtout de signer un pacte avec le Diable dans des circonstances rocambolesques…
Autobiographie biblico-épique
Voici le charmant monsieur dont vous allez découvrir le parcours au fil de ces pages colorées, un parcours tout aussi halluciné que ce regard. Un parcours en images, dessinées d’un crayon violent et terrible par la main sans concession de Simon Spruyt, qui y invente une sorte d’autobiographie complètement fantasmée, aux accents biblioco-épiques !
Une manière absolument dingue de narrer l’expérience que ce jeune auteur a pu vivre dans les milieux pour le moins féroce de l’édition. Mix d’Hergé et de Disney, son héros, entre autres faits d’armes, séduit l’opulente héritière Dargaud pour mieux s’en débarrasser ensuite au gré d’un adultère photographié la queue dans le sac, et détourner ainsi le pactole de la dame (et ses éditions par la même occasion).
Un très gros délire
Cynique, omnipotent, il exploite à qui mieux mieux enfants et travailleurs chinois zombifiés, enfermés dans les caves de son usine. Willy Wonka à rebours, SGF offre au dessinateur bruxellois, diplômé de littérature/linguistique/arts appliqués, l’occasion d’un très gros délire bien juteux, délectable pour ses outrances et son sens aigu de la critique, sans compter un final d’anthologie.
Personnes fragiles et trop sérieuses, s’abstenir ! C’est irrévérencieux, morbide, délirant et à se tordre, pour peu qu’on ait le sens de l’humour et du second degré. Sacré meilleur album de BD néérlandais 2011, SGF ravira les adeptes de provo jusqu’au-boutiste et mise en abyme narrative.
Et plus si affinités
Pour découvrir les aventures démentielles de SGF, consultez le site des éditions Même pas mal.