La dernière fois qu’on l’avait vu arborer pareille nonchalance à l’affiche, c’était dans Top Gun. A croire qu’en positionnant Tom Cruise de cette manière pour annoncer Barry Seal – American Traffic, les producteurs ont voulu jour la carte de l’anti héros à fond ; et ils n’ont peut-être pas eu tort puisqu’à y bien réfléchir, ce narcotrafiquant affilié à la CIA est tout à fait représentatif d’une politique, pire d’un état d’esprit propre aux USA des 70’s. Et ce n’est guère glorieux.
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Tête brûlée et kilos de coke
Bary Seal comme un Pete Mitchell quadra en rupture de ban, donc. L’idée se tient, surtout dans le contexte historique. Nous sommes en pleine guerre fraîche, Reagan a pris le pouvoir, bien décidé à en découdre avec les cocos du monde entier, et plus spécifiquement dans le voisinage proche des USA, à savoir l’Amérique du Sud. Tous les coups sont permis, tordus et hypocrites de préférence, et en la matière la CIA n’a pas son pareil.
Dans cette perspective, la Central Intelligence Agency recrute Barry Seal, pilote de la TWA de son état, état qui pèse fort à cette tête brûlée absolument ingérable adepte des sensations fortes. Fatigué de véhiculer du touriste en masse, ce dernier oublie quelque peu qu’il a femme et enfants à nourrir pour répondre à l’appel de l’aventure. Et le voici photographiant des camps d’entraînement sandinistes paumés dans la jungle, au volant de son bolide des airs. Tant pis pour les balles, et tant mieux quand des businessmen colombiens le contactent de manière musclée pour lui demander de véhiculer en terre américaine leurs précieux kilos de coke.
Fric facile
C’est plus risqué certes, totalement prohibé bien sûr, mais si bien payé. En peu de temps, Seal ne sait plus où cacher les valises de fric qui l’encombrent, tandis que Mena – Arkansas, où la CIA l’a planqué pour qu’il agisse en toute quiétude, loin des enquêtes policières, se métamorphose doucement, avec multitude de banques pour blanchir l’argent, cabines téléphoniques destinées à contacter ses clients des cartels, et un shérif des plus absents, c’est toujours mieux. Bref c’est la très belle vie, … mais elle sera de courte durée. De star des airs, Seal deviendra fugitif, bête traquée éradiquée avant qu’elle n’en dise trop sur ses multiples associés.
Le biopic mené tambour battant par Doug Liman suit donc le parcours de ce bad boy moderne, dont l’aura et l’insolence transparaissaient déjà dans Narcos ou Infiltrator. C’est que le Monsieur incarne le fric facile, la démesure d’une époque, que le réalisateur et son équipe retranscrivent avec un souci de vérité quasi naturaliste, quitte à aller demander conseil à la veuve de Seal qui les a largement documentés. Avions, voitures, décors, vêtements, le travail de recherche est pointu jusque dans le choix de la BO, dans le tournage effectué en partie en Colombie ; bref nous sommes dans une exigence comparable à celle du Casino de Scorsese.
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Services de l’ombre
Quant au rythme du film, il est frénétique, exactement comme devait l’être Seal qui devient ainsi un reflet de l’air du temps, un rouage essentiel dans des stratégies complémentaires même si elles n’ont rien d’honnête. La CIA en prend ici pour son grade, tout comme le gouvernement américain et la présidence Reagan qui ont autorisé pareilles dérives, quitte à s’infiltrer dans la gestion d’autres pays souverains et soutenir la plaie du narcotrafic. Ironique, la narration met en exergue les procédés anti démocratiques de ces services de l’ombre, qui choisissent pour les soutenir ce personnage peu recommandable qui va vite conquérir une position dominante avant de chuter.
On regardera donc ce film à la fois comme un excellent divertissement, où actions et rebondissements ne manquent guère, et comme une analyse fine et cynique d’une époque où tout était permis pour aboutir à ses fins. Quand arrive le générique de fin, la question se pose : les choses ont-elles changé ? La réponse, on l’imagine bien. Et on se dit que des Barry Seal, on n’a pas fini d’en voir et de les combattre.
Et plus si affinités
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