Pour ceux qui suivent régulièrement nos pérégrinations en terrain culturel mutant, le Bateau Feu n’est pas inconnu : nous en avons croisé la route dés nos premières minutes à Dunkerque 2013, où ce patronyme désignant habituellement les phares flottants illuminant les rades des ports nordiques baptise ici la scène nationale depuis maintenant 1991. Symbolique : le théâtre constitue un flambeau intellectuel d’importance au cœur de cette ville et de sa région. Après 20 ans de bons et loyaux services, il était temps de le rénover.
Mais rénover à Dunkerque, dans une cité adoubée capitale culturelle régionale 2013, la rénovation devient refonte totale de la structure, prise d’envergure et transfiguration. C’est donc dans un chantier impressionnant que nous pénétrons lors de notre première visite : deux salles, des ouvertures, c’est un espace aérien et très technique qui prend doucement forme afin d’accueillir la population dans un lieu lumineux convivial où elle pourra voir des productions porteuses.
Nous voici en mai 2014, un an et demi après, l’inauguration est imminente, prévue le 6 juin avec la représentation de la pièce de Shakespeare Le Roi Lear créé au TNP Villeurbanne par Christian Schiaretti avec Serge Merlin dans le rôle titre. Un choix judicieux et symbolique : le nouveau Bateau Feu ouvre ainsi sous le parrainage illustre du Barde qui célèbre cette année ses 450 printemps, avec une mise en scène majestueuse qui va permettre au public convié d’apprécier toute l’étendue technique et la qualité des nouveaux équipements.
Un point d’orgue qui clôturera trois semaines de festivités, les fameuses Fêtes de Crémaillère, conclusion spectaculaire de trois années de spectacles hors les murs. C’est qu’il a bien fallu travailler pendant les travaux. Hélène Cancel, la directrice, et son équipe refusèrent la simple option d’une délocalisation, jouant la carte de l’action culturelle territoriale, intervenant partout dans l’agglomération, entre spectacles de rue, actions avec la population, … le tout en surmultiplié pendant Dunkerque 2013.
C’est ainsi que nous avons vu le défilé Le Grand Voyage, apprécié les manifestations autour de Corps Furieux, quelques uns des divertissements proposés, où la qualité et l’originalité furent les moteurs de rencontres et d’interactions créatives puissantes entre les artistes impliqués et les populations, qui se prêtèrent volontiers au jeu de l’improvisation, du théâtre amateur.
Sortis enrichis de ces années de tréteaux, les membres du bateau Feu réinvestissent leur navire flambant neuf avec une énergie nouvelle doublée d’une autre manière d’appréhender le culturel et son impact sociétal. Gratuites, les Fêtes de Crémaillère vont marquer cette transition, qui relatent les actions menées, invitent les participants à cette longue aventure, et donnent une fois encore la parole à tous, avec ce formidable élan commun que nous avons constaté à chacune de nos visites dans la ville natale de Jean Bart.
A J-21 de l’ouverture des portes, nous avons voulu interviewer Hélène Cancel pour en savoir plus sur ce théâtre, sa portée, son rôle passé et futur dans le paysage culturel du dunkerquois, ses singularités également, comprenant par ailleurs en quoi l’art et plus spécifiquement les arts du spectacle dans leur richesse et leur transversalité disciplinaire jouent un rôle essentiel à la formation des êtres, permettant à chacun de « garder les yeux ouverts » sur le monde quand certains voudraient tant qu’ils restent aveugles, offrant l’occasion unique de « faire de la politique avec du plaisir ».
Rencontre avec Hélène Cancel, directrice du Bateau Feu Scène Nationale Dunkerque by Delfromtheartchemists on Mixcloud
Un grand grand merci à Hélène Cancel pour son temps et ses réponses.
Et plus si affinités