Break: cette fiction signée Marc Fouchard se déroule dans l’univers du hip hop et situe son action dans le neuf-trois.
Une pauvre jeune fille riche, aux traits de beurette, étudiante en droit (cf. les précis Dalloz et les codes LexisNexis qui remplissent les étagères de son bureau) et adepte de danse « verticale » fait, dès avant le générique, une chute en raison de la fixation déficiente d’un mousqueton à la paroi et se retrouve, illico presto, à l’hosto. On pense alors que le mot break du titre désigne l’accident l’ayant handicapée, ayant brisé ses ailes et mis terme à sa carrière – le mot break a le sens de la cassure qui caractérise formellement la breakdance ainsi que celui de frein. Or, il n’en est rien. La fille s’en tire avec quelques égratignures et un torticolis.
La scène d’hôpital permet au spectateur de faire connaissance avec la famille de l’héroïne (une cellule aimante, attentionnée, recomposée et bourgeoise) et d’être, comme elle, intrigué par la silhouette floue d’un homme apparaissant fugitivement en rêve ou en hallucination. Cette image du père la hante à son réveil. En outre, un appel téléphonique dont le portable de la mère garde trace pousse la protagoniste à se mettre en quête du destinataire …
Cette recherche du père la mène en Seine Saint-Denis, loin, par conséquent, du quartier chic parisien où elle a ses habitudes. Le numéro correspond à celui du proprio d’un hôtel borgne, qui s’avère être un ancien boxeur animant une association destinée à la réinsertion de jeunes délinquants. Le boxeur et, c’est probable, ex-détenu lui-même visant la rédemption, est ce père qui avait, jusqu’à l’accident, disparu des écrans. La protagoniste décide de louer une chambre en ville ou, plutôt, en périphérie.
Le café des Sports à l’angle de la rue Franklin de La Courneuve a été rebaptisé Le Monte Carlo et à la ligne horizontale de l’étage supérieur de l’école Angela Davis les truqueurs numériques ont surimprimé un métro aérien pour le moment virtuel. Démarre alors un processus de flirtaison avec le jeune gardien de nuit de l’établissement, à la fois ex-danseur urbain et prince charmant n’ayant pas la permission de minuit, placé sous surveillance électronique à la demande du juge d’application des peines. La princesse se remet à la danse, tant bien que mal, encouragée par un paralytique en chaise roulante, drivée par son Roméo, danseur de hip hop au chômage forcé.
L’intérêt du film réside pour nous surtout dans ses séquences de danse où se mêlent toutes sortes d’influences. La bande alterne ou mixe divers styles de la nébuleuse « urbaine » : escalade, acrobatie, art du déplacement ou du yamakasi, capoeira, ballet classique et néoclassique (on a droit à un bout du Lac des cygnes, notamment), modern jazz et hip hop proprement dit – danses « debout » et, bien entendu, breakdance. La Dionysienne Sabrina Ouazani et l’acteur-danseur Kevin Mischel forment un couple photogénique. Le film doit beaucoup aux danseurs, notamment à Kamel Archach, Mohamed Belarbi, Laure Sinic et au chorégraphe Simhamed Benhalima.
Et plus si affinités