
Il y a des gens faits pour se rencontrer et d’autres non : en parcourant Carolyn et John, on se demande à chaque page dans quelle catégorie classer Carolyn Bessette et John F. Kennedy Jr. Origines familiales, coup de foudre, mariage, Stéphanie des Horts dissèque cette tragédie moderne avec une plume prenante, évoluant entre le style de Vogue et celui de Brontë. En toile de fond, la malédiction des Kennedy et l’Amérique de Reagan.
Au top du top de la jet set américaine
D’un côté, le fils de JFK, de l’autre une gamine ambitieuse issue de la middle class. D’un côté, un playboy richissime, éduqué dans la mémoire d’un père martyre, porteur des ambitions politiques de son clan, couvé par une mère possessive et traumatisée ; de l’autre une beauté aussi froide que blonde, consciente de son aura et de son charme, bien décidée à grimper les échelons depuis les salons de Calvin Klein où elle officie jusqu’au top du top de la jet set américaine.
Lorsque le séducteur croise le chemin de la dévoreuse d’hommes, c’est le coup de foudre… à sens unique. Il faudra un certain temps pour que Carolyn s’investisse dans une relation qu’elle veut faire durer par opportunisme. Or n’épouse par JFK Junior qui veut et qui peut. Nombreuses furent les candidates délaissées assez rapidement : le jeune homme s’ennuie vite, et ces demoiselles ne sont jamais assez bien pour une Jackie Onassis obsédée par le rang à tenir au sein du gotha new-yorkais.
Un personal branding démentiel
Carolyn aura bien du mal à s’imposer, à perdurer, sombrant dans la dépression et les conduites addictives tandis que son bel époux enchaîne les business désastreux. Jusqu’au soir du 16 juillet 1999 où tous deux montent dans un petit avion qui sera leur cercueil. La malédiction des Kennedy va de nouveau frapper, malgré toutes les tentatives pour déjouer ce sort funeste. Ou à cause d’elles ? Dès les premières lignes, Stéphanie des Horts entretient le doute, soulignant combien l’éducation de ce gamin en fit un enfant gâté, têtu, orgueilleux.
Autant d’éléments qui pesèrent dans la balance des Parques, conduisant à l’instant fatal. La colère des dieux est un prétexte, un élément de narration pour faire pleurer les foules. Dans ce livre ô combien fascinant, on voit une autre facette transparaître : celle d’égos disproportionnés, façonnés dès le berceau comme une marque de fabrique, un personal branding démentiel qui ne peut déboucher que sur des catastrophes. En d’autres termes, JFK Jr a forgé sa chute, entraînant avec lui une épouse malheureuse et détruite par le poids d’une célébrité que cette névrosée ne sut pas gérer.
Une intrigue à la Bret Easton Ellis
Comme je le disais en introduction, l’Amérique de Reagan sert de toile de fond à cette légende moderne qui a tout d’une intrigue à la Bret Easton Ellis. Les deux amants seraient à leur aise dans les pages de Glamorama. Trop beaux, trop riches, trop suffisants de vanité, trop avides de reconnaissance et de succès… trop de comptes à régler avec la fatalité peut-être. Un Icare, une Électre, forcément le mélange est explosif.
Dans cet univers dont les excès évoquent Le Loup de Wall Street, c’est le portrait des 90’s version USA qui s’impose, entre respect presque ridicule des traditions et quête effrénée de modernité et de réussite. Seulement voilà : toutes les success stories ne sont pas bonnes à prendre, et le rêve américain possède une face cachée, sombre, dévoratrice. C’est cette face cachée que Stéphanie des Horts explore avec un certain cynisme, un regard à la fois critique et fasciné.
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