« Venez voir ! C’est curieux » : bah c’est ce qu’on a fait … accrochés par ces drôles d’affiches dont la typographie punche les esprits de phrases pour le moins provocantes (l’affiche d’ Yvonne, princesse de Bourgogne, tout un programme!), on a toqué à la porte du théâtre Olympia de Tours… on y a vu cette fameuse Yvonne, puis Splendid’s de Genêt, La Mélancolie des Dragons de Philippe Quesne, Le Prince – Tous les hommes sont méchants adapté de Machiavel, dernièrement Le Chagrin de Caroline Guiela Nguyen.
Quatre spectacles, un 1/5 d’une programmation ambitieuse, risquée, couillue, provocatrice, qui alterne répertoire classique et moderne. Un rien mais à chaque fois un bonheur et une claque … parce que les textes choisis sont durs et tranchants, parce que les mises en scène sont déroutantes mais toujours belles et séduisantes. Aucune concession au public qui pourtant est fidèle au poste, ravi d’être ainsi secoué, ainsi poussé dans ses retranchements.
A chacune de nos visites, l’endroit affiche complet. Accueillant avec sa haute paroi vitrée, son bar, sa salle parfaitement équipée et confortable, le théâtre Olympia multiplie les suffrages, draine de plus en plus de public. C’était l’un des objectifs de Jacques Vincey quand il prit le poste de directeur il y a deux ans : et il l’a visiblement rempli. Un effort de tous les jours : il faut aller chercher les spectateurs là où ils sont, rassurer les peureux, convaincre les indécis, charmer sans forcément chercher à plaire.
Pas un problème pour cet authentique homme de théâtre, digne descendant d’un Molière, aguerri à l’école d’un Patrice Chéreau, initié à l’université Censier Paris III dont le département d’Etudes théâtrales fait référence. Acteur, directeur de compagnie, metteur en scène, il prend en main le CDR de Tours comme on le ferait d’une entreprise, avec 23 salariés à la suite et un projet culturel particulièrement tonique. « Quel monde veut-on pour demain ? » : voici sa ligne directrice, sa problématique. Il choisit les spectacles en s’orientant vers les textes qu’il ne comprend pas, histoire de creuser et de nous embarquer dans son analyse.
Il faut croire que ça marche et pas qu’avec l’audience : la pièce Elle brûle de Caroline Guiela Nguyen, auteur associée au CDR, est nominée aux Molière 2015, et la toute jeune Marie Rémond elle est sacrée Révélation féminine pour sa prestation dans Yvonne. Joli palmarès : c’est toute la profession qui s’y colle pour saluer le travail effectué. On aime. Et les surprises sont loin d’être terminées, s’il ne se livre pas encore sur le menu de la saison 2015-2016, c’est que Vincey s’apprête à lancer sur les planches une certaine Nathalie Dessay. Désireuse d’embrasser cette carrière de comédienne à laquelle elle se destinait initialement, la célèbre cantatrice a accepté de travailler avec lui le monologue d’Howard Barker Und.
Ambitieux. D’avant-garde. Moderne et visionnaire. Prise de risques totale dans un lieu culturel de province qu’on imaginerait consacré à la transmission du répertoire le plus conventionnel. Non et renon : le CDR de Tours constitue un laboratoire, un atelier, terrain d’exercice, d’entraînement et d’expérimentationà la fois. Un terreau pour les gloires de demain, un vecteur d’éducation, un ferment citoyen. Autant vous dire qu’on est allé réclamer des explications au principal intéressé. Jacques Vincey nous reçoit dans son bureau. Suivent 45 minutes passionnantes, où ses gestes accompagnent une parole pensée, mûrie, posée, impliquée et assumée. Une masterclass dramaturgique d’envergure :
Rencontre avec Jacques Vincey, directeur du théâtre Olympia – Centre Dramatique régional de Tours by The Artchemists on Mixcloud
Un grand grand grand merci à Jacques Vincey pour son accueil, son implication, son professionnalisme. Un grand merci également à toute l’équipe du CRD Tours pour le travail accompli et la qualité de sa prestation.
Et plus si affinités
http://www.cdrtours.fr/