Chartres, sa cathédrale, sa vieille ville, ses prieurés … et sur la colline voisine la Maison Picassiette. Un incontournable de l’art brut, une pure émanation de l’architecture spontanée ou naïve, élaborée avec autant de ferveur que l’imposante église qui lui fait face.
Tout commence en 1929 quand Raymond Isidore achète une parcelle de terrain dans le quartier Saint Chéron. Modeste, peu éduqué, ce cantonnier compte y construire la maison qui abritera sa famille ; il ne sait pas qu’il va y ériger l’œuvre d’une vie.
Cela part de rien, une balade dans le voisinage où il ramasse des éclats de vaisselle, de verre qu’il ramène et avec lesquels il compose une petite mosaïque sur un des murs de sa petite demeure. C’est le déclic : vont suivre vingt-cinq années où patiemment, méticuleusement il continue sa quête, collectant les débris durant des promenades de plus en plus longues pour en sertir sa maison.
D’abord l’intérieur, mobilier et décoration compris puis les parois extérieures, puis les vases, les rambardes, tout ce qui lui tombe sous la mains ; il faudra bientôt acheter une autre parcelle pour agrandir l’endroit, ajouter une maison d’été, une chapelle, une installation baptisée le Tombeau de l’Esprit, l’ensemble orné de mosaïques fantastiques, multicolores où la foi d’Isidore transparaît dans la représentation des saints, du Mont saint Michel ou de la cathédrale de Chartres.
Guidé par ses rêves, il termine son œuvre en 1962 pour sombrer dans un délire apocalyptique qui le terrasse deux ans plus tard. L’inspiration s’est tarie. remarqué par Picasso, photographié par Doisneau, isidore laisse un patrimoine inestimable que la ville de Chartres acquiert en 1981 pour en assurer la préservation. Reconnu monument historique deux ans plus tard, la Maison Picassiette porte en elle les beautés d’ l’art brut, spontanéité, frénésie de la création, originalité de l’œuvre … et une première occurrence du recycl’art !
Preuve que l’art n’est pas l’apanage des élites mais un mouvement profond, intrinsèque à l’être humain, et probablement son seul moyen de sublimer l’existence.
Album photo ici.
Et plus si affinités