Pour ce nouveau Almodovar aux chaudes couleurs espagnoles, on retrouve Penelope Cruz, Antonio Banderas, Paz Vega et bien d’autres. Ces personnages enfermés dans un avion vont frôler la mort avec humour, désinvolture et provocation. Ce huis-clos amène à une catharsis générale où chacun révèle sa personnalité. Plus d’anonymes simplement des histoires de vies partagées.
Après 20 ans de films dramatiques, voici un retour à la comédie pure. Comme l’avait annoncé Almodovar, ce nouveau film est léger, drôle et burlesque. Cependant on peut quand même se demander où est passé l’emblème de la nouvelle vague espagnol. On retrouve son côté très accessible, son indépendance d’esprit, son envie d’anticonformisme mais on cherche pendant 1h30 le cinéma d’auteur. La légèreté détruit une quelconque profondeur, pourtant on se souvient de grands moments de cinéma comme la mise en abyme dans Etreintes brisés, la quête de personnalité de La piel que habito, les souffrances de l’enfance mise en scène dans La mauvaise éducation ….
Même si pour les amoureux d’Almodovar la réflexion manque dans ce film, on peut être touché par ses personnages tout en sincérité. On ne peut s’empêcher de sourire devant Penelope Cruz déchargeant les bagages et de rire aux éclats pendant la chorégraphie de « I’m so excited ». Encore une fois on retrouve cet humour plein de légèreté. Les trois stewards complètement pittoresques nous font voyager dans une ambiance déjantée. Les conflits familiaux, les substances illicites et la libération des mœurs embarquent dans cet avion à destination de Mexico.
Même si Les amants passagers ne sera jamais à la hauteur de Volver ou Tout sur ma mère, nous pouvons quand même y retrouver les débuts de la movida … désenchantée. D’autre part, sachant l’attachement du réalisateur pour son pays, cet avion tournant en rond pourrait-il représenter l’errance du peuple espagnol en temps de crise ? Cette comédie chorale pourrait être une catharsis également pour le spectateur, un moment désinhibé pour oublier la réalité du monde. Les Amants passagers sont une cuite à l’eau de Valencia.
Dans Le labyrinthe des passions comme dans Les Amants passagers, un avion et Cecilia Roth à son bord. Un peu déçu, Almodovar prend une récréation avec ce dernier film. Folie ou choix cinématographique ? L’Espagne a besoin d’un nouvel âge d’or.