Israël et ses fatales contradictions ? Le premier film de Sharon Bar-Ziv tire son intrigue de cette question, dont nous allons explorer les non sens, enfermés dans une salle d’interrogatoire. La pièce 514.
Petite, étroite, … une fenêtre qui permet à peine de distinguer l’extérieur, un bureau, deux sièges de part et d’autre, se faisant face pour accueillir l’affrontement des êtres, entre déchirure et passion. Dans une lumière pâle, froide, les objets, les parois, les visages se parent de bleus et de gris, blafards, presque maladifs de cette société qui semble incurable et dévore ses enfants, sacrifiés sur l’autel d’un affrontement absurde.
Ses enfants ? Anna la jeune enquêtrice au regard idéaliste, à l’attitude de Juste, qui veut faire la lumière sur cette affaire d’agression, une famille palestinienne venue porter plainte pour coups et blessures. Dans la ligne de mire, les soldats d’un escadron d’élite de l’armée d’Israël, placés en première ligne dans les territoires occupés. Davidi, Nimrod, tous deux ndoctrinés, dressés par leurs supérieurs pour faire régner la terreur. Autant vous dire que les dérapages sont nombreux, justifiés par le principe qu’il faut épouvanter l’ennemi si l’on veut protéger la société.
Deux discours : celui de la droiture, celui de la violence. Au milieu, se débattant dans cette impasse, de très jeunes adultes qui ont dû grandir trop vite dans une société étouffante aux traditions lourdes. Un rapport de force constant exacerbé par le fait qu’Anna est une toute jeune femme dans un monde d’homme avec pour seul moteur ses convictions. Armée de ce seul bouclier, elle obtiendra la vérité. Mais à quel prix …
Gros plans tenus d’une main tremblante sur des regards, des expressions concentrées, scénario orchestré comme un huis clos de théâtre, jeu absolument sidérant des acteurs dont on admire la maîtrise et l’humanité, cette première œuvre en reprenant la problématique de la violence d’Etat parvient à apporter à ce sujet rebattu (Apocalypse now, Les Hommes du président, …) une perception différente dans son traitement. Nous sommes dans une tragédie d’inspiration racinienne, où le récit et l’aveu, l’unité de lieu, la tension servent le propos sans l’engluer dans des images chocs.
Ici la violence ne vient pas des balles, les fusils d’assaut sont vidés de leur contenu et mis de côté à chaque début d’entretien, comme un rituel pour passer à une autre violence, celle des mots, des idées, véritable nœud de toute cette dérive. Le film de Bar Ziv le démontre ici d’une façon magistrale.
Et plus si affinités