En cette période estivale, alors que Google et la Cinecitta mettent en ligne 30 000 extraits d’archives du cinéma italien, Woody Allen aussi nous fait voyager. Après Londres, Barcelone et Paris c’est dans la ville éternelle que le réalisateur new-Yorkais nous fait partager quatre récits qui ne se croisent jamais. C’est l’histoire de couples qui se font et se défont. On retrouve un jeune architecte qui voit sa vie amoureuse bouleversée, des personnages tourmentés par le succès ou des jeunes mariés séparés le temps d’une journée. Chacun trouve dans la capitale italienne un moyen d’échapper à son quotidien.
Ce nouveau Woody Allen est léger, la ville de Rome est filmée amoureusement mais on a du mal à ne pas tomber dans le film cliché. Le sujet ne va pas beaucoup plus loin que la simple comédie sentimentale et malheureusement le spectateur ne parvient pas à s’investir dans une histoire. On y retrouve une impression de déjà-vu, mais sans la finesse des grands maîtres du cinéma italien. De plus malgré leurs aventures trépidantes les personnages restent inchangés au moment du dénouement, comme si tout ceci était en vain. Pourtant on se souvient si bien du chemin parcouru par Gil dans sa quête de l’âge d’or vers minuit à Paris. Ici personne n’a évolué, il semble y avoir un décalage entre la grandeur de la capitale italienne et ce qu’elle apporte aux personnages.
Alors que monsieur Allen nous avait déjà emmenés en Italie avec Tout le monde dit I love you, il développe ici un film sketch. En effet, le spectateur ne se laisse pas séduire par une seule histoire mais il se laisse emporter par différentes « scénettes ». On retrouve ici une empreinte de ses plus vieux films comme le célèbre Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe. On pourrait même faire un lien avec Short cuts de Altman où 22 personnages se partageaient la vedette, le tout récompensé par un Lion d’Or.
Cependant Woody Allen nous pose une question pertinente : qu’est-ce que la célébrité ?
Le personnage de Leopoldo nous montre l’aspect matériel, les paparazzis, les foules et les nombreux avantages. Devenu célèbre sans raison, on en vient à se demander si la notoriété est toujours justifiée. De plus, cette célébrité peut-elle naitre de l’absurde, est-il acceptable pour un grand chanteur d’opéra de monter sur scène dans une douche. Enfin être courtisé par son idole est-ce toujours à la hauteur de nos attentes ?
On retrouve ici une empreinte du Decameron de Boccace, cette œuvre médiévale dresse aussi des récits de débauche amoureuse « à l’italienne ». On ne cherche donc pas à analyser les personnages mais l’auteur se contente de les mettre en scène. On pourrait résumer ce film par le titre du huitième jour de cette pièce majeure : « Ou l’on parle des tours que les femmes jouent aux homme et vice versa, ou que les hommes se jouent entre eux. »
Enfin, les inconditionnels de Woody Allen risquent d’être déçus mais il faut voir To Rome with love sans prétention juste pour admirer le réalisateur en tant que comédien, le jeux d’acteur d’Alec Baldwin, la scandaleuse beauté de Penelope Cruz, l’angoisse d’un New Yorkais nerveux dans l’avion, la lumière ocre des petites rues romaines, les personnages s’adressant directement à la caméra, le portrait d’une famille italienne typique, les réparties cinglantes, les plans de la piazza Venezia, la bande originale qui nous donne envie de nous assoir dans une impasse romaine pour y déguster un café latte … Finalement ça fait quand même un bon nombre de raisons d’y aller.
On écoute : Nel blu dipinto di blu de Modugno pour avoir l’impression d’y être.
Et plus si affinités