Ils échappent aux circuits des fashion weeks pour faire bande à part. Instagram et autres réseaux sociaux sont devenus leur catwalk, l’écran universel sur lequel déployer leur univers. Chacun.e à sa manière, selon ses codes, son esthétique, ses influences. Les jeunes couturiers se cachent dans les méandres du Net. Et nous avons décidé de les dénicher. Premier d’une liste que nous devinons longue et prolixe : Dario Princiotta.
Une esthétique baroque
Longue chevelure noire et ondulée, yeux d’ombre étoilés d’étincelles espiègles, silhouette élancée, gestes racés, Dario Princiotta a tout d’un aristocrate du temps jadis, un personnage échappé d’une fresque de Tiepolo, un sujet du Titien. Et cela se ressent dans ses créations. Des corsets superbement orchestrés, lacés de savante et mystérieuse façon, sanglés à demi comme des robes de danseuse, des robes à panier ou à queue, des tuniques transparentes, des justaucorps ajustés…
Volants, plissés, nœuds, mousseline, soie, velours, noir, or, rouge, bleu, violet… Rien n’arrête ce natif de la petite île de Salina, devenu depuis palermitain d’adoption. Un choix qui le relie à l’esthétique baroque de la Sicile, esthétique dont il s’abreuve avec autant de volupté que de succès. Les tenues qu’il façonne de main de maître sont autant d’hommage à Tiepolo, Longui, Guardi, Canaletto, Fragonard, Watteau et autres grands peintres du XVIIIeme siècle.
Sensualité, séduction, sentiment
Mais la Sicile, c’est aussi Le Guépard mis en scène par Visconti. Et Visconti est très présent dans l’imaginaire de Dario Princiotta, dans son rapport au détail, sa recherche d’exactitude historique, son audace novatrice. Sensualité, séduction, sentiment : le jeune styliste veut intriguer, émouvoir, fasciner. Quitte à porter lui-même ces robes majestueuses auxquelles il prête vie et grâce. Ajoutant au passage une touche de malice adorable à l’ensemble.
D’autres références sont à l’oeuvre dans son travail : les Impressionnistes, Lautrec, Fortuny (ah cet art du plissé, patient, exigeant, recueilli), Poiret, Lanvin, Schiaparelli… Ne se cloisonnant pas dans un exercice de style ou un genre, Princiotta passe d’une tendance à l’autre avec autant aisance que d’élégance. Peut-être parce qu’il vit sa couture, qu’il la savoure, qu’elle lui est vitale, oxygène cérébral, raison d’exister, moyen d’exprimer. D’être soi enfin, de vivre ses rêves, d’affirmer son identité de démiurge, sa perception du Beau.
Toilettes révélatrices
Il y aurait un peu de Pierre Molinier ou d’Henri III dans cette silhouette corsetée à l’extrême, aux attitudes de courtisane érudite, de diva tragique, un peu de Sarah Bernhardt, un peu de Maria Callas, un peu des geishas du temps jadis, le sourire subtil des héroïnes de Proust un soir de bal costumé, l’air nostalgique des comtesses du Grand Siècle, des patriciennes vénitiennes envoûtées par Vivaldi, séduites par Casanova.
L’esthétique de Dario Princiotta appelle la synesthésie, chaque tenue évoquant une musique, celle de Mozart, celle de Verdi, celle de Debussy ou de Satie. Une note mélodique pour un état d’esprit, une humeur. Car toutes ces parures parlent un langage spécifique, qui n’en souffre aucun autre. Et seuls celles et ceux capables de le comprendre pourront s’y reconnaître, endosser ces toilettes révélatrices de l’intériorité de l’être.
Magicien ? Fée ? Sorcier ? Alchimiste ? Dario Princiotta, au nom si musical, si poétique, si théatral, est un peu de tout cela, en plus d’être un artiste talentueux. Son tempérament rejaillit sur ses costume, résumé en un mot de grande beauté : précieux.
Pour en savoir plus, consultez le site de Dario Princiotta ainsi que son compte Intagram.
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