Golden Globes, BAFTA Awards, Oscars : l’année 2018 est riche de récompenses qui couronnent la prestation de Gary Oldman dans Darkest Hour aka Les Heures sombres en français. Avouons-le : l’acteur britannique campe un Winston Churchill sidérant, qui tient autant du fauve historique que d’un punk avant l’heure. Ainsi l’ensemble du film de Joe Wright repose sur ses épaules, pour nous raconter l’un des épisodes les plus dramatiques de l’Histoire de la Grande Bretagne : mai 1940.
Et c’est là que Darkest Hour raccorde les wagons avec Dunkerque. Alors que la Belgique et la France s’effondrent devant l’avancée nazie, les autorités anglaises observent, impuissantes, le retrait désemparé de leurs troupes venues sur le continent épauler leurs alliés européens. C’est la catastrophe : l’armée britannique risque fort d’y rester, laissant le pays sans défense face à l’ogre Hitler. Il faut négocier, c’est du moins ce que voudraient plusieurs hommes politiques déjà prêts à parlementer avec Mussolini pour ouvrir une voie de dialogue avec le dictateur allemand.
Sauf que Churchill, bombardé premier ministre dans ce chaos dont personne ne veut endosser la responsabilité, ne l’entend guère de cette oreille, et compte bien résister, peu importe ce qu’il en coûtera. Et ce diable d’homme de paramétrer l’opération Dynamo, de rapatrier la quasi totalité de ses troupes, d’entraîner à sa suite son Roi, les députés et la population pour refuser de baisser l’échine devant l’envahisseur. Ce qui nous vaut quelques séquences rock’n roll, qui en disent long sur la real politik. Car «du sang, du labeur, des larmes et de la sueur», les anglais vont devoir en verser des quintaux avant de voir la fin du tunnel. Et ils n’ont pas le choix.
Fin stratège, lucide, rigoureux et survolté, Churchill sait bien que négocier avec Hitler c’est se faire annexer à coup sûr, livrer ce qui reste de monde libre à la convoitise de ce … Churchill ne trouve même pas les mots, dans cette séquence hallucinante où il est débordé par une rage impuissante. Mais il va vite les retrouver, lui qui excelle à les manipuler, comme il sait convaincre les homme qui l’entourent. Un grand monsieur donc, excentrique et ferme, une tornade malgré son âge, son embonpoint et son alcoolisme, un tempérament !
Il fallait bien un Gary Oldman pour endosser pareille carrure, avec ce côté irrévérencieux, impertinent, complètement absorbé que l’acteur prête à son personnage, quitte à lui donner un côté rebelle et décalé. Kristin Scott Thomas complète le tableau en incarnant l’épouse du politicien, Clem, amoureuse comme au premier jour, aussi originale que lui, dans le même esprit, le même rythme. Un rythme que le film suit avec des séquences rapides, un montage nerveux, tout un jeu d’ombres qui souligne le titre, met les doutes de chacun en évidence au moment vital du choix.
Et plus si affinités