Il aura fallu le dossier de culture pro communication d’un de mes élèves pour que je découvre ce petit bijou. Au passage big up au jeune homme qui a choisi d’illustrer le potentiel marketing de la télé réalité via cet exemple des plus explosifs. Car le moins qu’on puisse dire, c’est que Dead Set n’est pas politiquement correct, bien au contraire. Et pour cause puisque cette série éclair tournée en 2008 plonge le spectateur dans les affres d’un reality show infiltré … par des morts vivants.
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On a les morts vivants qu’on mérite
L’intrigue est simplissime, un modèle du genre : isolés dans leur appartement filmé en permanence, les candidats de Big Brother ne réalisent pas l’apocalypse zombiesque qui leur tombe dessus, tandis que l’ensemble du public et de l’équipe de prod qui cerne le penthouse est dévoré/transformé, ce qui nous vaut au passage quelques scènes de tuerie absolument délicieuses, par leur violence, leur vraisemblance … et leur humour.C’est qu’ils sont rapides, les bougres et foutrement affamés. Bref, en quelques séquences, c’est bouclé, la horde des fans, des techniciens et des sponsors se transforment en zombis, au bout du compte pas une grosse différence avec le statut de base, vu la connerie ambiante qui régnait en ces lieux. On a les morts vivants qu’on mérite. Et les rescapés de réaliser progressivement l’étendue du désastre à l’aide de leurs trois pauvres neurones avec cette épineuse question à régler au plus vite : comment faire pour survivre ?
La dévoration de ceux qui s’offrent en pâture médiatique
Ou quand deux facettes de la culture populaire se percutent brutalement ? Reprenant la recette chère à Romero, fondateur du genre, Charlie Brooker, initiateur et réalisateur du projet (par ailleurs papa d’un certain Black Mirror, comme quoi il n’y a pas de hasard), balance ses goules à la tête du spectateur comme un reflet bien dérangeant du voyeurisme à la page. Le message est clair : à la base, il ne faut guère être intelligent pour gober ce type de prog, mais le visionnage en série de cette bouillie aboutit à la boulimie permanente, la dévoration de ceux qui s’offrent en pâture médiatique.Le discours est clair, on pourrait le penser convenu mais la real ultra nerveuse, syncopée, la franche rudesse des séquences, le langage ordurier, les couleurs ternes qui tranchent avec une caméra quasi documentaire secouent l’ensemble de l’édifice, dans un sentiment d’oppression grandissant qui aboutit au climax final, une conclusion absolument édifiante.
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Le confessionnal : ultime étape avant d’en finir
Le format des épisodes, un pilote de 45 minutes suivi de quatre chapitres de 25 minutes contribue à cet effet foudroyant, ce sentiment de piège inexorable, tandis que l’espace se réduit progressivement sur les survivants.C’est ici que le confessionnal, espace incontournable de ce type d’émission, où chaque participant déverse ses états d’âme et ses critiques sans pudeur, reprend toute sa force sacrée, l’ultime étape avant d’en finir. En conclusion, regardez cette merveille qui confirme la force de frappe des britanniques en matière de série TV, ne faites pas l’économie de la V.O. car l’accent cockney des personnages participe fortement de l’ambiance, et imaginez ensuite ce que cela pourrait donner sur le plateau d’une de nos émissions à succès. Horrible … et jouissif !
Et plus si affinités