Paris des années 70 : l’esprit de Mai 68 résonne encore dans les ruelles pavées. C’est dans ce contexte pour le moins effervescent qu’émergent les Gazolines. Un groupe transgenre qui va ameuter la capitale, dynamiter les conventions. Engagé, résolument provocateur, hautement créatif. Le documentaire d’Armand Isnard évoque cette aventure militante, flamboyante et subversive, terreau fertile de la revendication des droits LGBT et du droit à la différence.
Glamour et provocation
En 1972, au cœur du Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR), une douzaine de « folles » se rassemblent sous la bannière des Gazolines. Leur objectif ? Bousculer l’esprit de sérieux d’une société post-68 déjà en train de sombrer dans le réactionnaire ? Leur méthode ? Une dose massive de glamour et de provocation. Leur crédo ? « Champagne, coke et falbalas. » Leur cri de guerre ? « Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite ! »
Cri de guerre qui se répand partout dans les soirées, les vernissages, les after de l’époque, les manifs aussi. Les Gazolines ne se contentent pas de parader. Elles foutent résolument le bordel, partout où elles passent. Parmi elles, Maud Molyneux, Paquita Paquin, Marie-France, dans leur sillage Alain Pacadis entre autres, dont elles bordéliseront les funérailles, elles qui l’aimaient tant.
Une forme de dandysme
Bordéliser certes, mais pas n’importe comment ni sans raison. C’est justement le but du documentaire d’Isnard que de revenir aux sources du groupuscule pour en comprendre l’enracinement, la logique, les combats, les méthodes. Devant sa caméra, des rescapées comme Marie-France, des témoins, des historiens, des sociologues.
Tous évoquent des profils hautement cultivés (Maud Molyneux était un puits de savoir), une forme de dandysme, le goût pour ce qu’on appelle aujourd’hui la mode vintage. Et puis il y a l’art : l’écriture pour certaines, les planches pour d’autres. Et puis il y a les fiestas, le Palace et autres clubs, la drogue aussi, les excès, qui doucement vont absorber l’insolence, la dissoudre.
Un héritage
Après deux années flamboyantes, les Gazolines se séparent en 1974. Pourtant, leur esprit, leur héritage perdurent. C’est qu’elles ont ouvert la voie à une expression queer décomplexée, inspirant des générations de militants et d’artistes. Leur histoire est celle d’une rébellion en talons aiguilles qui a traversé les années, d’une révolution pailletée qui a marqué, inspiré les luttes LGBTQ+ en France.
Les Gazolines, passionnément, à la folie… d’Armand Isnard, entre interviews et archives, revient sur cette période où l’insolence était une arme politique, où le maquillage et les boas à plumes servaient de bouclier contre l’oppression. Un must-see pour quiconque s’intéresse à l’histoire des mouvements queer et à la puissance de la subversion.
Et plus si affinités ?
Vous avez des envies de culture ? Cet article vous a plu ?
Vous désirez soutenir l’action de The ARTchemists ?