Nous chroniquions il y a peu l’éminent et incontournable Apocalypse now. A propos de ce qui allait devenir un des chefs d’oeuvre de l’Histoire du cinéma, Coppola a dit :
« Apocalypse Now n’est pas un film sur le Vietnam, c’est le Vietnam. Et la façon dont nous avons réalisé Apocalypse Now ressemble à ce qu’étaient les Américains au Vietnam. Nous étions dans la jungle, nous étions trop nombreux, nous avions trop d’argent, trop de matériel et petit à petit, nous sommes devenus fous. »
Une folie orchestrée
Cette déclaration à la presse ne veut finalement pas dire grand-chose quand on ignore tout du conflit en question. Mais elle prend de l’épaisseur quand on plonge dans les arcanes d’une guerre qui dura vingt ans, fit 57 000 morts du côté américain pour 1,5 million du côté vietnamien, soit un ratio de 1 pour 25, dévasta le pays et ses voisins, alimenta un vent de protestation à l’échelle de la planète et entacha pour toujours l’image d’une superpuissance qui y perdit toute crédibilité.
Un massacre, une folie de destruction … une folie orchestrée, argumentée, ancrée d’une part dans le passé colonialiste du Vietnam, jadis Indochine française, de l’autre dans la logique de Guerre froide et la peur du communisme qui anima les USA de l’Après Guerre. Un engrenage que persone ne put stopper, malgré la conviction qu’on allait au fiasco. Cette mécanique, Ken Burns et Lynn Novick la décortiquent dans le terrible documentaire Vietnam, initialement The Vietnam war.
La chronologie d’un conflit aberrant
Soit neuf épisodes qui déroulent la chronologie de ce conflit aberrant, ses dessous peu ragoutants et les conséquences dramatiques qu’il eut sur la société américaine. Le terme traumatisme, souvent employé, prend, au travers de ces images d’une rare violence, une consistance, gênante, surréaliste. Et dénonce la responsabilité de dirigeants incapables d’endiguer la catastrophe dont ils savaient pourtant qu’elle allait survenir.
Cette analyse d’une précision chirurgicale évoque le fanatisme des deux camps, sans prendre partie. Car motivés par leur désir d’indépendance, les vietnamiens vont vite se déchirer entre nationalistes et communistes. Ce qui va encore accroître l’horreur des combats, les souffrances d’une population civile piégée enter les belligérants. Et qui en feront lourdement les frais. En regard des archives, les rescapés témoignent, de leur positionnement, de leur évolution, de leur colère.
Une guerre atrocement esthétique
Une colère qu’exprime la B.O . du documentaire, qui met en avant les grands titres rock de l’époque et les compositions saisissantes que Trent Reznor et Atticus Ross produisirent pour souligner la démesure de la situation. Son absurdité complète. Dans l’esprit de certains passages au synthé d’Apocalypse Now. Apocalypse Now qui fut l’un des premiers films à intégrer du rock dans la musique qui l’illustre. Qui sut saisir, et c’est absolument épouvantable de s’en rendre compte, l’aspect atrocement esthétique de ce conflit tel qu’il fut restitué par les caméras du monde entier.
Les hélicoptères en vol, les fumigènes, la jungle d’un vert d’émeraude, tout y est de ce qui fera l’aura des films dédiés à ce sujet brûlant : Apocalypse Now bien sûr, mais aussi Platoon, Full Metal Jacket, Hamburger Hill … on comprend mieux pourquoi cette guerre a marqué et pour toujours la psyché de réalisateurs dont certains vécurent ces combats, ou participèrent à leur dénonciation. Il n’en demeure pas moins que par delà la fiction, s’impose la nécessité d’une analyse historique. Ce que fait Vietnam et avec brio.
Et plus si affinités