Vous aimez faire vos courses dans un hypermarché ? Profitez en bien, cela ne pourrait plus durer très longtemps. Ce modèle économique érigé dans les années 60 pour accoucher des temples de la surconsommation est désormais en perte de vitesse, comme l’explique le documentaire Hypermarchés, la chute de l’empire avec beaucoup de précision et de pertinence.
Avantages trompeurs et procédés mafieux
En 90 minutes truffées de témoignages de professionnels de la filière, de politiques et d’analystes, le réalisateur Rémi Delescluse met en lumière un géant dont les pieds d’argile ramollissent à vue d’œil. Leclerc, Carrefour, Casino… cannibalisant les commerces de proximité installés au cœur des villes, les grands noms du secteur ont dévisagé la périphérie des métropoles en y implantant des hangars disgracieux canalisant l’ensemble des biens de consommations depuis l’alimentation jusqu’aux chaussures en passant par la cosmétique et le culturel pour fidéliser une clientèle motorisée désireuse d’avoir tout sous la main.
Pratique, pas cher, varié : des avantages trompeurs qui cachent des coûts de fonctionnement exorbitants et des procédés de mafieux. Les fournisseurs en font les frais, tout comme les franchisés, soumis à des pressions innommables. Le documentaire met particulièrement en évidence les règles édictées par des centrales d’achat d’une férocité sans nom, capables des pires extrémités pour faire plier des sous-traitants considérés comme des vaches à lait. En résumé, ces derniers doivent endosser des frais toujours plus lourds, via des ristournes pharaoniques, des sommes à verser pour obtenir un premier rendez-vous avec les acheteurs.
Les Tribulations d’une caissière : en bas de l’échelle sociale, juste au dessus du cafard
Amazon en embuscade
On passe sur le comportement de ceux-ci, prompts à l’insulte et à la menace. Un fournisseur est mécontent ? On retire ses produits des rayons. Tout simplement et sans le prévenir. Même Danone a subi des mesures punitives d’envergure, c’est tout dire. Pourquoi tant de hargne ? Parce que la concurrence est rude, notamment face aux enseignes low cost. Parce que les habitudes du public sont en train de changer, leurs exigences également. Surtout parce qu’en embuscade, Amazon et consort sont en train de tendre leurs filets, noyautant un marché que les GAFA convoitent depuis longtemps avec une stratégie d’infiltration imparable.
Ou quand le digital, le high tech et la data révolutionnent le parcours de vente. Même le drive n’y survivra pas, remplacé par la livraison via des voitures autonomes, des drones. Aux USA, en Chine, on invente l’hypermarché de demain. Et les géants d’hier ont toutes les difficultés du monde à suivre un mouvement auquel ils ne comprennent absolument rien. Là aussi, Hypermarchés, la chute de l’empire lève le voile sur un avenir de prime abord séduisant pour le consommateur car épousant au plus près ses désirs, mais qui pourrait s’avérer autant sinon plus délétère que le présent, avec un contrôle absolu de la production, de l’approvisionnement et de la vente par des titans phygitalisés encore plus prédateurs que leurs prédécesseurs.
Et plus si affinités :
Vous pouvez visionner le documentaire Hypermarchés, la chute de l’empire sur ARTE.