Les Invisibles, documentaire de Sébastien Lifshitz sorti en 2012, donne la parole à des homosexuels … nés avant la Seconde Guerre Mondiale. Leur sexualité, tous vont la vivre dans le secret et la honte, dans une société qui décide d’ignorer et de taire ce type d’amour, quand elle ne condamne carrément pas l’homosexualité comme une perversion conter-nature, un crime. Et leurs témoignages sont édifiants car ils constituent une mémoire de l’ombre.
Respectables, aimables et dignes
Il convient à ce titre de rappeler deux dates clés :
- 4 août 1982 : la loi supprime toute pénalisation de l’homosexualité impliquant des personnes de plus de 15 ans, âge de la majorité sexuelle.
- 17 mai 1990 : l’Organisation mondiale de la santé (OMS) retire l’homosexualité de la liste des maladies mentales.
Ces hommes et ces femmes vont donc vivre leur préférence dans un climat au mieux de déni, au pire de menace. Ils racontent leur lente évolution vers la conquête de leur autonomie, de leur reconnaissance, de leur place dans la société. Au travers de leur parcours vers la lumière et la quiétude, vers la conscience qu’ils ne sont pas des criminels ni des malades mais des êtres humains comme les autres, respectables, aimables et dignes, nous voyons se dérouler l’Histoire, et l’entrée de notre société dans la modernité et la tolérance.
Briser le mur du silence
A la faveur de la libération des mœurs actée dans les années 70, nous voyons droits homosexuels et droits des femmes s’affirmer, avec volonté, humour, sensibilité, insoumission … et inflexibilité. A ce titre, certains témoignages sont poignants d’émotion et en disent long sur la notion de courage. Car il en faut pour se mettre à jour comme certains le firent, dans leur famille, leur cercle d’amis, face au conjoint ou à l’employeur. Il en faut également pour briser le mur du silence, en parler comme d’une normalité et revendiquer le simple fait d’être heureux.
Le documentaire est tourné avec beaucoup de simplicité et de pudeur, alternant les entretiens, les scènes de la vie quotidienne, les photos de famille, les documents d’époque : on y voit l’Histoire en marche au travers de parcours personnels, vécus avec les tripes, parsemés d’anecdotes joyeuses, tristes, fatalistes. Des gestes doux, un chat qu’une main caresse, un oisillon qu’on nourrit avec précaution, une maison de famille abandonnée qu’on redécouvre, une veste passée sur les épaules de l’aimé tremblant de froid. Très vite on s’attache, on rit, on frémit, … on envie.
Avouons-le, pareil épanouissement laisse songeur : et n’importe quel individu devrait y parvenir, y avoir droit. On sort de ces deux heures, le sourire aux lèvres, l’esprit clair, attendri. Avec en tête un mot : espoir.
Et plus si affinités
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