Winter on fire : un des tout premiers documentaires que nous avions visionnés sur Netflix, et non des moindres. Car Winter on fire, le film de Evgeny Afineevsky n’y va pas par quatre chemins pour nous raconter les 93 jours qui firent la révolution ukrainienne. Et son récit fait froid dans le dos :
La liberté de choisir
Socle de cette narration à la fois nerveuse, colorée et d’une incroyable vigueur : ces 93 jours durant lesquels la population ukrainienne va tenir la place Maidan transformée en forteresse. 93 jours à subir les assauts meurtriers des groupes d’intervention du président en place, 93 jours à voir mourir les manifestants abattus par les snipers, 93 jours dans le froid, la fumée, la neige, à compter les morts, ramasser les blessés, hurler sa colère, réclamer la justice. Et l’obtenir.
Face à un pouvoir fantoche à la solde d’une autre puissance, face à une autocratie qui emploie la force quand l’illusion de la démocratie n’aveugle plus personne, face à des mercenaires et des flics qui n’hésitent pas à pratiquer la bastonnade, pire à tirer à vue sur des gens qui ne réclament que ce qui leur est dû : la liberté de choisir, le respect de la voix d’un peuple. Pas à pas, alors que la tourmente s’installe pour devenir chaos, le réalisateur suit les manifestants, accroche les images, le sang qui coule quand commencent les premières dérives.
Casus Boloss : tu l’as vu, mon gros conflit, hein, tu l’as vu ?
Un peuple avide de dignité
Tout sera fait par le pouvoir en place pour faire plier la population venue en masse défendre son droit et le respect de son vote massif pour intégrer l’organisation de l’Europe. L’Europe … alors que ceux qui l’ont fondée n’y croient plus, les Ukrainiens rêvent de rejoindre cette alliance pour assurer l’avenir de leurs enfants. Cela ne plaît pas : les forces en place vont donc balayer cette contestation, l’étouffer dans l’œuf. Ils ne feront que la renforcer.
C’est tout un pays qui se soulève, se mobilise. S’il ne s’attarde guère sur les causes profondes de cette situation, le film met en exergue l’incroyable sens de l’organisation, la cohérence, l’esprit de groupe, l’union qui rassemble ce peuple avide de liberté et de dignité. Durant ces journées de feu, ce ne sont pas les opposants politiques qui servent de porte-drapeaux. Aucune récupération politique n’est tolérée.
Le martyre et la victoire
En première ligne, des militants des droits civiques, des artistes, des professeurs, des ouvriers, des religieux orthodoxes, musulmans, catholiques, des militaires, des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes, sans forcément d’étiquettes politiques, mais tous convaincus de leur bon droit : après coup, Afineevsky les ramène parmi les décombres pour raconter leur lutte, leur Maidan. Humbles mais fervents, ils nous parlent, tandis que défilent les images dures, de ce long martyre qui sera victoire.
Le tyran partira, lorsque, montant à la tribune, les survivants du massacre lui lanceront un ultimatum clair et net, légitimé par les violences inacceptables perpétrées par le corps policier sur ordre des autorités. Il ressort de ce récit poignant une leçon de démocratie appliquée : rien jamais n’est acquis, ni liberté ni égalité. Face aux tyrannies, les citoyens doivent protéger leurs droits, les imposer. Dans ce bras de fer impressionnant, les Ukrainiens rappellent que les fondations de nos droits sont fragiles et que nous sommes les seuls dépositaires, les seuls gardiens de nos nations.
Et plus si affinités
Vous pouvez visionner le documentaire Winter on fire sur Netflix.