Les amateurs auront ici reconnu le titre de l’album phare du groupe Morbid Angel, Altars of madness: un album sorti en 1989 et dont les retombées seront conséquentes puisque le combo influencera le mouvement black metal et toute une nouvelle génération d’artistes si l’on en croit l’exposition du même nom proposée par le Casino Luxembourg.
Contestations tranquilles et lugubres
Le Forum d’art contemporain installé au cœur de la capitale du grand Duché a ainsi consacré ses salles à un tour de table de la création moderne née de ce courant musical très prisé dans le pays. On comprend vite en contemplant les œuvres que les artistes exposés ne peuvent qu’être impliqués, enracinés dans cette musique et ce qu’elle porte de dénonciation sociale. La contemplation d’un paysage morbide, qui interroge le politique, la vie et la mort, la religion, le rapport au monde.
Les curateurs Damien Deroubaix et Jérôme Lefèvre ont tenu à varier les disciplines, balayant plusieurs types de supports et techniques, depuis le dessin au crayon jusqu’au collage en passant par la photo, la peinture, l’écriture également. Et des installations impressionnantes qui dressent de modernes piloris sous les hauts plafonds bourgeois du lieu comme autant de contestations aussi tranquilles que lugubres.Méchant ? Lucide et sans pitié plutôt. Les œuvres ici assemblées se rejoignent dans une vision violente et poétique, pour ne pas dire romantique par instant, dans le mélange affiché des registres pathétique, lyrique et polémique.
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Une véritable exploration
Un ensemble de conférences, des vidéos, des concerts et une publication conséquente complètent ce parcours au sein d’imaginaires débridés. On notera avec joie que l’exposition dépasse le cadre du classique listage de dessins/photos de concerts/pochettes d’album pour offrir une véritable exploration autour de thématiques transversales axées sur trois parties.
- « Lucid fairytale » se focalise sur la dimension politique du metal extrême et du grindcore, né dans la mouvance punk au début des 80’s, avec comme mot d’ordre « Noise not music » ;
- « Death is just the beginning » se penche sur le death metal en le définissant comme un memento mori moderne dont l’aboutissement est ici le trépas comme métaphore de l’errance ;
- « Dark Matter landscape » porte sur le black metal, son nihilisme et le retour au païen effectué via la nature.
Un ensemble d’artistes, hommes et femmes de différents horizons, collaborent à ce panorama : Matthew Barney, Nicholas Bullen, Larry Carroll, Grégory Cuquel, Damien Deroubaix, Seldon Hunt, Gregory Jacobsen, Theodor Kittelsen, Harmony Korine, Elodie Lesourd, Juan Pablo Macías, Maël Nozahic, Torbjorn Rodland, Steven Shearer, Mark Titchner, Gee Vaucher, Banks Violette.Altars of madness dépasse ainsi les approches réductrices et caricaturales pour interroger les racines artistiques d’une famille culturelle trop souvent décriée.
Et plus si affinités
Il est possible de visionner les interviews filmées des artistes présentés lors de Altars of madness datée de 2013. On peut également accéder aux deux volumes qui composent catalogue de l’exposition.