Elle est blonde platine, démesurément grande, bronzée à la perfection et envahit les chambres des petites filles du monde entier depuis cinq décennies et les écrans des cinémas depuis quelques jours. Barbie, malgré les ans, n’a rien perdu de sa prestance, bien au contraire. La célèbre poupée se porte même formidablement bien, ignorant les rides et le passage du temps pour s’inscrire toujours plus profondément dans l’actualité de nos sociétés modernes. C’est dans ce sens qu‘allait l’exposition hommage orchestrée par le Musée des Arts décoratifs en 2016, ainqi que le catalogue qui en conserve la mémoire, un catalogue qui met remarquablement en exergue cette formidable success story et bien davantage.
Une figure de proue de la femme contemporaine
Car Barbie est bien plus qu’un simple jouet : le fabricant Mattel en a fait une figure de proue de la femme contemporaine, à la pointe de la mode et de l’émancipation. Première poupée adulte placée entre les mains des enfants, elle est dotée d’une plastique de femme séductrice, au point de gêner initialement certains marchés qui en refusent l’exploitation. Bien mal leur en prend, car le public, lui, adore. Bonne copine, maman accomplie, élégante raffinée, sportive accomplie, femme d’entreprise émérite, Barbie va progressivement endosser toutes les fonctions de la femme du XXᵉ siècle au rythme de libertés conquises de haute lutte.
Quitte du reste à en refléter les contradictions et enfermer ses jeunes utilisatrices dans des schémas de vie difficiles à accomplir, car oxymoriques pour ne pas dire schizophréniques. Qu’à cela ne tienne : Barbie devient une muse, pour les créateurs, les grands couturiers, les artistes. Occidentale, africaine, eurasienne, ronde, handicapée, sirène, princesse, chanteuse, footballeuse, secrétaire, dentiste… elle sert de miroir aux femmes du monde entier, cette aventurière des temps modernes, sans jamais se départir d’une féminité soulignée à grands traits de khôl.
Les dessous d’une entreprise en constante évolution
Les différentes salles de l’exposition commissionnée par Anne Monier, conservatrice du département des jouets, retraçaient ce conte de fée, éclairant par ailleurs les dessous d’une entreprise en constante évolution : origines du projet, apparition de la première Barbie, étapes du succès, fabrication d’une Barbie, relation aux marques de prestige, liens avec le monde du cinéma, … rien n’a été laissé au hasard, dans cette farandole composée de quelque 700 modèles, assortis de documents issus des archives de Mattel.
La scénographie imaginée par Nathalie Crinière traçait un parcours d’exposition ludique, mais où le concret apparaissait judicieusement de bout en bout. Le message s’adaptait aussi bien aux enfants qu’à leurs parents, jusqu’à cette salle ultime où des milliers de tenues classées par nuances de couleurs donnaient une vertigineuse perception de l’ampleur du phénomène au travers des époques. Le catalogue prolonge cet effet en donnant à voir et à raconter cette fabuleuse aventure.
Et plus si affinités