Ce n’est pas parce qu’il a quitté les catwalks qu’il a pris sa retraite. Jean-Paul Gaultier reste même particulièrement actif, en prenant en main l’exposition CinéMode. La Cinémathèque lui a laissé carte blanche pour mettre en avant la longue histoire d’amour du 7ᵉ art et de la haute couture : une idée pour le moins inspirée avec à la clé une exposition de toute beauté.
Spectaculaire et émerveillement
Quoi d’étonnant chez un styliste qui découvre sa vocation en regardant en boucle Falbalas de Jean Becker ? Qui puise ses références stylistiques dans une mine de films iconiques qu’il révère et chérit comme des porte-bonheur ? Qui multiplie les collections en hommage aux chefs-d’œuvre du grand écran, fait défiler des actrices comme Rossy de Palma, Valérie Lemercier, Amanda Lear, Josiane Balasko, par ailleurs ses amies?
Et qui n’hésite guère à jouer les costumiers sur des tournages, Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant de Peter Greenaway, Kika de Pedro Almodovar, Le Cinquième élément de Luc Besson, bien d’autres encore qui confirment son sens du spectaculaire et de l’émerveillement, exacerbé également sur des podiums métamorphosés en décors de cinéma, où des femmes en corset de pellicule argentique croisent des Marilyn post-modernes et des Louise Brooks néo-gothiques.
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Irrésistible séduction
Les cinq sections composant Cinémode reflètent cette passion, en explorant la manière dont le cinéma a influencé le style de JPG, sa manière d’enrichir et d’affiner son œil de couturier, de construire sa carrière d’artiste, de concevoir ses modèles en détournant références et matériaux, mais aussi de positionner la haute couture comme un vaste champ d’exploration sociétale et un laboratoire prolixe en mutation des mœurs.
La question des genres s’avère centrale : hypersexualisation des stars hollywoodiennes (hommes et femmes confondus) érigées en fantasmes érotiques absolus, confusion des êtres, effacement de la prétendue frontière entre féminité et virilité pour accoucher de l’androgyne originel, transgression d’une séduction irrésistible incarnée par le héros du Rocky Horror Show. Là aussi les influences ne manquent guère qui ont guidé l’œil du créateur.
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Grand écran et fulgurances
Avec à la clé des titres de collection un brin ironiques tels « Et Dieu créa l’homme », « Le Charme coincé de la bourgeoisie » ou « James Blonde ». Et puis il y a le métal, hurlant, dont Cardin et Courrèges s’emparent pour en faire un matériau fashion d’avant-garde, célébré dans Qui êtes-vous Polly Maggoo ? au même titre que la mode 70’s par William Klein, qui bien plus tard, filmera Gaultier en action. La boucle est bouclée ? Pas sûr.
JPG ne peut être enfermé, ni dans un style, ni dans une définition, encore moins dans une époque ou une influence. Au premier regard, l’exposition peut sembler un peu désordonnée, incohérente. C’est oublier la manière de fonctionner d’un couturier qui crée dans l’urgence, dixit Le jour d’avant que lui a consacré Loïc Prigent. La grande force de CinéMode, c’est justement de donner à voir le schéma de pensée d’un JPG rompu aux fulgurances, dont beaucoup lui viennent du grand écran.
Et plus si affinités :
Pour en savoir plus sur l’exposition Cinémode et préparer votre visite, consultez le site de la Cinémathèque.