Observez bien cette affiche, ce tutu aveuglant de blancheur, angulaire, taillé en biseau, presque tranchant … il synthétise le propos de l’exposition Couturiers de la danse, récemment inaugurée par le Centre National du Costume de scène, et qui explore la relation d’amour entre haute couture et chorégraphie.
On connaissait la passion qui unit mode et opéra. Dans le cadre de la danse, l’interaction dépasse le cadre purement esthétique et spectaculaire pour ouvrir les horizons du geste, de la posture. Amplifier et sublimer le mouvement, déséquilibrer le corps, l’ankyloser éventuellement, l’entraver … à moins qu’il s’agisse de savamment le dénuder, l’exposer en l’allégeant ?
Rencontres éphémères, duos créatifs … on se souvient de Coco Chanel habillant les ballets russes, de Versace repensant Béjart, d’Iris van Herpen collaborant avec Benjamin Millepied … entre autres. Car le dialogue mode/danse a engendré bien d’autres tandems ô combien prolixes et enchanteurs. L’occasion est ici donnée de parcourir cette inventivité à l’oeuvre, thématisée par le commissaire Philippe Noisette, scénographiée par Marco Mencacci.
Formes, justaucorps et académiques, tutus et corsets, matériaux, quatre salles mettent en évidence l’importance que ces costumes réinventés ont eu sur différents ballets, et comment chaque couturier a mis sa perception du vêtement, de la coupe, de la texture au service de l’expérimentation chorégraphique. Le denier chapitre de cet exposé visuel illustré de 120 costumes, de vidéos et de photos, porte sur l’interaction prolifique Béjart/Versace.
A découvrir donc à la fois comme un émerveillement et une réflexion sur la complexité et la richesse du 5eme art.
Et plus si affinités