Ce n’est pas un hasard si la nouvelle exposition proposée par le château de Fontainebleau détaille l’art de la fête à la cour des Valois. Ce palais a abrité plusieurs de ces manifestations spectaculaires, véritables féeries témoignant du sens artistique de la famille royale… et affirmant sa puissance politique.
La fête comme art de vivre
Bals, masques, concerts, spectacles, défilés, joutes, tournois, les Valois depuis François Ier jusqu’à Henri III mirent un point d’honneur à organiser des fêtes inédites. Ces évènements frappèrent tellement l’imaginaire des contemporains que les ambassadeurs étrangers en parlèrent avec émerveillement dans leurs comptes rendus et échanges épistolaires. Ces récits servent de fil directeur à un parcours détaillé et illustré de tapisseries, de dessins, d’objets, de sculptures, de tableaux, d’instruments de musique.
Ces pièces sont révélatrices d’un art de vivre raffiné et d’un réel désir d’en imposer. Car derrière l’amusement de la Cour, il s’agit d’impressionner les monarques européens comme les opposants politiques. Plus la fête est belle et originale, plus elle mobilise de talents et d’inventivité, plus elle coûte cher. C’est à la fois une preuve de bonne santé financière et l’étalage des ressources créatives françaises, face à une Europe tenue par les Hasbourg, établis en Espagne et en Flandres, de par et d’autre de l’Hexagone.
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La fête comme outil politique
Au milieu de leur territoire, la France qu’ils cherchent à intégrer par les alliances ou par la guerre. Arrivés au pouvoir après la mort sans héritier de Louis XII, les Valois revendiquent leur main mise sur un trône qu’on leur conteste, dans un siècle progressivement secoué par les conflits religieux. En pleine Renaissance, l’art de la fête, très inspiré de l’Humanisme et de l’Antiquité, fait partie intégrante de l’art de la politique selon Machiavel, ce que l’exposition orchestrée par Oriane Beaufils met particulièrement en évidence.
On notera l’influence de Catherine de Médicis, belle-fille de François Ier et veuve d’Henri II, qui apporte dans ses gènes et son éducation la magnificence florentine et son sens du décorum. Elle transmet cet héritage à ses enfants, qui, mariés à des princes européens ou placés à la tête de royaumes, vont à leur tour faire usage de l’art de la fête à la mode Valois. De cette stratégie, il ne reste que peu de choses, des témoignages, des gravures, des tentures, quelques artefacts… et la somptueuse salle de bal du château qui clôt la visite de manière magistrale.
Et plus si affinités
Pour en savoir sur l’exposition L’art de la fête à la cour de Valois, consultez le site du château de Fontainebleau.