Les expositions traitant de la mode sont légions actuellement, mais celle proposée par la Cité de la mode et du design a ceci de particulier qu’elle nous confronte à une réalité problématique et centrale : celle du mannequin.
Le mannequin : une forme sur laquelle on façonne le vêtement, patron, entoilage, tissu enfin. Une forme qui de statue va devenir humaine. Un être de chair, une femme qui arborera les créations pour d’abord donner une idée plus juste de sa forme, puis y ajoutera son allure, son mouvement, sa vie. Ou pas.
Car les dames opulentes et peu démonstratives qui portaient les somptueuses tenues de Poiret vont avec les décennies prendre de l’étoffe, de la personnalité, marquant les esprits, impactant les silhouettes, dictant les règles de l’élégance. Des paramètres qui changent de saison en saison, au fil des époques. Et modifient complètement notre manière d’aborder le costume.
Photos, films, dessins, objets : Mannequin – Le Corps de la modeévoque avec beaucoup de finesse l’émergence d’un mythe moderne que n’aurait pas renié un Roland Barthes. Alchimie particulière entre des femmes au fort charisme et des stylistes qui savent les embellir pour exploiter ce potentiel, on ne sait plus au bout d’un moment ce qui fait la réelle portée de la mode.
Les frontières sont définitivement brouillées dans les années 80, avec les figures de Naomie, Cindy, Eva dont on garde encore le nom en mémoire comme autant de divas des podium. Que reste—t-il derrière sinon des mannequins kleenex, formes vivantes, silencieuses et happées par le système, porte manteau en mouvement à l’affut d’un rêve trompeur ?
Les photos de jeunes candidates à un casting concluent le parcours sur cette réflexion amère, entre désillusion et mirage. Et si c’était le mannequin qui interrogeait par ses silences et ses absences de regards le véritable secret de la mode ?
Et plus si affinités