C’est au premier étage du mémorial de la Shoah que vous découvrirez l’exposition temporaire La musique dans les camps nazis. Et comme toutes les expositions qui y sont orchestrées, vous allez en ressortir sonné, le cœur au bord des lèvres, en grande colère, estomaqué, chiqué par la folie destructrice mise en lumière.
Un élément clé du quotidien concentrationnaire
Une mise en lumière édifiante mais complexe, car les documents manquent cruellement sur un sujet que les nazis ont volontairement étouffé. Pourtant, la musique était un élément clé du quotidien concentrationnaire, à la fois outil de torture et évasion psychique. Au travers de témoignages insoutenables, de rares photographies, de dessins et d’objets, d’instruments, autant de preuves secrètement rassemblées par des déportés, l’exposition La musique dans les camps nazis traite toutes les facettes de cette thématique profondément dérangeante.
Il y eut effectivement des orchestres dans les camps, orchestres qui intervenaient dès le petit jour et jusque tard dans la nuit pour cadencer le labeur forcené de prisonniers épuisés par les privations et les mauvais traitements. Augmenter la productivité donc, mais aussi accompagner la marche au supplice des condamnés tout en distrayant les bourreaux, qui n’hésitent pas à torturer en rythme, sur des airs à la mode, avec une cruauté sidérante de cynisme.
Une approche exhaustive
Cauchemardesque en extérieur, à l’intérieur des baraquements, la musique apporte cependant une lumière d’espoir, permet de conserver un peu de cette humanité que la démence concentrationnaire s’applique pourtant à éradiquer. On chantonne en silence dans sa tête, on compose dans le secret des chambrées, on écrit des paroles d’espoir qu’on partage avec ses camarades d’infortune, pour se soutenir moralement, conserver un brin de dignité.
Comment recrutait-on les musiciens ? Que leur faisait-on jouer ? Quand ? Où ? En quelles occasions ? Ce statut était-il réellement privilégié ? L’exposition traite cette thématique de façon très exhaustive, avec des pièces spécifiques, des documents pertinents, une scénographie sobre et sombre, animée par une sélection musicale pointue qui plonge le visiteur dans l’atmosphère sonore de ce véritable enfer. Difficile de faire abstraction des airs légers hurlés par les hauts parleurs pour couvrir les cris des prisonniers assassinés par les SS durant l’Aktion Erntefest, massacre qui acte la liquidation des camps de Lublin en 1943.
Très précise, l’exposition La musique dans les camps nazis donne à voir et à entendre l’horreur absolue, de manière presque insupportable. Un catalogue complète ce parcours prenant, que l’on peut aussi documenter en consultant le n°56 des études du Crif intitulé Des usages destructeurs de la musique dans le système concentrationnaire nazi par Elise Petit, qui a assuré le commissariat scientifique du parcours.
Et plus si affinités
Pour préparer votre visite, consultez le site du mémorial de la Shoah.